L’Église du Concile Divin
L’Eglise du Concile divin est la religion organisée qui domine les Mers de la Séparation. Près des quatre cinquièmes des humains sur Loss y croient et la respectent. Crée durant le Long-Hiver (voir l’Histoire de Loss), cette religion est autoritaire, prosélyte, conquérante, patriarcale et sexiste. Mais au delà de son existence par elle-même, sa raison d’être tient en un principe : éviter que ne puisse jamais recommencer ce qui a manqué détruire les lossyans, le Chant de Loss. C’est sur cette base que le Concile a bâti ses premiers Dogmes, et a pu prospérer.
1- Histoire en résumé
Alors que l’Hiver sans Fin laissait place au chaos et aux barbaries de la Grande Purge, les premiers prêches d’Ortonus, le second Prophète du Concile au Dessus de Toutes Choses, eurent comme effet de faire rapidement cesser massacres aveugles qui décimaient la population et faillirent faire totalement disparaitre aussi bien Chanteurs de Loss, que roux mais aussi chamans.
Ortonus édicta les premières règles du culte, à commencer par son nom complet : Le Concile des Êtres au-dessus de Toutes choses, hommes, Esprits et Dieux. La mission d’Ortonus et des Prophètes suivants fut de dévoiler au monde que les dieux et les esprits des anciennes fois lossyannes avaient tous faillis en laissant les démoniaques Chanteur de Loss asservir l’homme, plutôt que le servir. Ils expliquèrent que pour éviter que ce danger puisse un jour à nouveau menacer les lossyans, il fallait s’en remettre totalement aux Etres du Concile et à leurs représentants mortels : les Prophètes et l’ordre des Ordinatorii qui les servent.
L’Eglise du Concile déclara que ses lois, les Dogmes, étaient au-dessus de tout et que tous, hommes, esprits et dieux y étant soumis, les lossyans le devaient désormais. Les preuves de ce pouvoir des Etres du Concile et de la logique de ces dogmes ne manquaient pas, de la destruction d’Antiva au Long-Hiver, jusqu’aux Thanataires invisibles et invincibles qui protègent les Prophètes (voir plus loin). Cette vision indiscutable de l’application des principes de l’Eglise favorisa une restructuration rapide et solide de la société, autour d’Anqimenès. Quant à la politique qui s’en inspire, elle est comparable au légisme.
2- La cosmogonie
Nous ne nous étendrons pas en détail sur ce sujet, il sera traité dans le supplément Anqimenès et le Concile Divin, nous soulevons ci-dessous l’essentiel des principes.
La cosmogonie du Concile Divin explique que les dieux et les esprits ne sont pas les créateurs de l’univers, mais leurs servants. Les créateurs sont les Etres du Concile, régnant au-delà des étoiles et essaimant la vie partout, pour la confier aux esprits et aux divinités, pour régner, guider et protéger.
Il y a selon le Concile Divin une infinité de mondes comme autant de sphères de cristal où une planète se tient en son centre. Autour tournent les étoiles, les lunes et les soleils ; et il y a autant d’êtres vivants, et d’esprits et de dieux qui les gouvernent. Au dessus de tout cela, les Etres du Concile observent et n’interviennent que si leurs serviteurs ont échoué à leur tâche. L’Eglise du Concile admets totalement l’existence d’autres vies intelligentes et d’autres civilisations, bien qu’elle n’admette ni l’héliocentrisme, ni une idée d’espace libre et infini. Elle fait remarquer que nombre de ces vies intelligentes ne connaissent pas le Concile Divin. Les Lossyans sont donc privilégiés et bénis, placés dès lors un rang au dessus de toutes les créatures intelligences de tous les autres mondes : ils connaissent le Concile, et les Prophètes de l’Eglise parlent en son nom et sont protégés par ses envoyés directs, les Thanataires. Ce qui signifie aussi que pour l’Eglise du Concile, tout être intelligent, quel qu’il soit, non-Concilien, est un barbare : il n’est pas lossyan et est inférieur.
3- Les Dogmes de l’Eglise
Voici les principaux Dogmes de l’Eglise du Concile, tels qu’ils sont actuellement en vigueur. Ils ont plusieurs fois été remaniés et corrigés et s’ils ne sont pas tous respectés, ils sont le ciment de l’Eglise. Tout croyant connait en théorie ces Dogmes par cœur.
Ce ne sont pas les seuls Dogmes et il y en a bien plus compilés et décidés au fil des conciles, conclaves mais aussi des ententes locales de l’Eglise avec ses ouailles et les autorités laïques. Si les Dogmes paraissent clairement très stricts et ne souffrant aucune hétérodoxie, dans les faits, le pouvoir de l’Eglise n’aurait pu s’établir sans compris ni aménagements. Ainsi, plus on s’éloigne du cœur historique et spirituel de l’Eglise, Anqimenès, et plus les dogmes se sont adaptés aux cultures locales. Non sans conséquences, puisque cela a donné naissance à des courants religieux si différents qu’ils en sont devenus des hérésies, comme le culte Kalumi des Gennemons et le culte Impérial Hemlaris.
1- Aucun Dieu, ni Homme, ni Esprit ne peut se placer devant le Concile : L’Eglise du Concile interdit tout exercice religieux public ou construction de centres religieux pour les divinités locales. Il est toléré de prier et vénérer en privé dieux et esprits, mais leurs ecclésiastiques peuvent être pourchassés pour idolâtrie, parfois persécutés.
2- Aucune autorité émanant des Hommes ne peut se placer au-dessus des Prophètes de l’Eglise : la plus haute autorité Lossyanne selon l’Eglise est celle des Ordinatorii et de leurs officiers, prêtres et Prophètes. Ceux-ci sont donc sensée ne devoir obéissance à aucune autorité sur Loss hors de l’Eglise, et ne répondre que d’eux-mêmes et de leurs supérieurs. Dans les faits, l’Eglise préfère se soumettre aux autorités locales ou faire profil bas.
3- Le Chant de Loss doit servir l’homme, pas l’asservir : C’est sur ce Dogme qu’est basé le principe qui veut que soit on asservit un Chanteur de Loss, soit on le détruit. Pour l’Eglise, les Chanteurs de Loss sont des incarnations démoniaques. Ils ne sont pas responsables de leur nature, mais ils doivent être contrôlés par tous les moyens. Par extension, toute femme rousse est asservie et les hommes roux le plus souvent exécutés. Quand un Chanteur de Loss s’éveille, il est courant que soient asservis ses sœurs et ses filles, en vertu du principe que c’est chez les femmes que le Chant de Loss s’éveille le plus souvent. C’est ce Dogme qui a donné naissance au Haut-Art.
4- L’homme est né pour grandir, apprendre, prospérer, bâtir et dominer: un des premiers Dogmes des origines qui remonte à Ortonus et dont le contenu fait débat, car le terme homme a été choisi pour désigner le lossyan mâle, ce qui a justifié que la femelle est inférieure et qu’elle est donc elle aussi dominée, ouvrant la voie aux concepts patriarcaux et sexistes du modèle sociétal inspiré par l’Eglise. Le reste du Dogme stipule le rôle que doit jouer l’Eglise dans les cultures, la société et les civilisations, en encourageant les progrès techniques et intellectuels, sous son contrôle attentif
5– Aucun pouvoir ne peut mettre en péril la protection du Concile : cela englobe trois points détaillés dans le Dogme : toute innovation ou avancée technologique ou scientifique doit être approuvée par l’Eglise. Si celle-ci n’est pas considérée comme conforme aux Dogmes, elle sera déclarée hérétique. L’Eglise du Concile se réserve ainsi aussi un monopole sur les plus intéressantes innovations. Les études sur la biologie et la nature de la vie, l’astronomie, ou encore la chimie fondamentale sont des champs de recherche quasi certains d’être déclarés hérétiques. A noter que le coupable jugé n’est pas forcément exécuté : Il arrive tout simplement qu’il disparaisse au service de l’Eglise. Le second point concerné par ce Dogme, concerne les Artefacts Anciens. Faire le trafic d’Artefacts, en faire la vente, l’usage ou l’étude est considéré comme hérétique. Là encore, l’Eglise ne détruit pas toutes ces merveilles et les stocke et les étudie elle-même en secret. Le troisième point est que toute puissance géopolitique trop ambitieuse sera considérée comme mettant en péril l’Eglise. Ce dogme permet aux Ordinatorii de déclarer hérétique tout opposant jugé potentiellement « menaçant ».
6- La parole des Ordinatorii est la Loi du Concile : personne ne peut, en théorie, remettre en question la parole d’un Ordinatori, à part un autre membre de la hiérarchie du clergé. La parole d’un Ordinatori fait force de loi. C’est l’un des Dogmes les moins respectés et le plus souvent pris à défaut. Cependant, tout lossyan évite de contrarier volontairement un Ordinatori.
7- Aucune femme ne peut porter la foi de l’Eglise du Concile : dogme instauré il y a trois siècles après les Guerres Civiles Hégémoniennes. La place des femmes dans l’Eglise est en grande majorité subalterne et hors de l’ordre des Ordinatorii, elles sont traitées comme des inférieurs, quand elles ne sont pas esclaves. Les femmes Ordinatorii existent pourtant, en général dans les ordres militaires, mais aucune ne peut officier dans un temple. Il leur est interdit de se marier et d’avoir des enfants, sauf quelques rares cas tolérés d’adoption.
8- Tout homme refusant la Loi du Concile est Apostat : tout lossyan qui renie la foi de l’Eglise ou résiste à ses représentants est Apostat et condamné à mort. Si une ville résiste à une croisade d’Ordinatorii, tout individu ayant résisté est déclaré apostat et exécuté sans attendre. Les femmes qui auront résisté ou simplement soutenus les hommes seront asservies et leurs enfants en bas âge recrutés et élevés dans les orphelinats du Concile pour devenir des Ordinatorii.
9– L’Eglise seule peut éviter la répétition du Long Hiver : L’Eglise, en plus de préciser le fonctionnement de sa philosophie politique, déclare par ce Dogme qu’elle est seule autorisé à révéler et transmettre l’histoire de Loss avant le Long-Hiver. Les Guerres Divines ont été réécrites ; Orchys de Parcia est universellement considérée comme un démon qui a voulu détruire les hommes et les femmes rousses portent toute sa marque maudite. Le Chant de Loss est un pouvoir diabolique qui doit être muselé et mis au service de l’homme. Creuser le passé, retrouver des archives, fouiller des ruines et collectionner les artefacts et bien sûr révéler les secrets et les savoirs de ce passé est une hérésie.
Il existe encore d’autres Dogmes, dont un sur la Rage qui doit être combattue comme un ennemi mortel, et sans qu’il soit question de l’étudier ou tenter de la soigner. On peut aussi aborder le Dogme sur l’esclavage et sa nature, qui traite des règles essentielles de l’asservissement. Il y a enfin plusieurs Dogmes sur les châtiments et traitements, et même un sur comment déclarer une guerre ou lancer une croisade ! Mais les neufs ci-dessus sont les plus généraux, essentiels et connus.
4- Organisation de l’Eglise
L’Eglise du Concile Divin pourrait assez se comparer au pouvoir papal impérial. Mais ce n’est pas une théocratie, ou tout du moins elle ne règne pas comme tel sur Anqimenès, même si son influence est totale.
On distingue dans l’ordre de l’Eglise deux branches principales, aux contours flous : l’Eglise, qui rassemble les ecclésiastiques et prêtres de la religion et l’Ordinatori, qui rassemble les forces de police et les légions, organisée de manière militaire, grades et rangs compris. Le fait est que la plupart des membres du clergé séculier de l’Eglise sont en général des Ordinatorii, souvent officier ; ainsi les deux branches, ayant deux rôles fondamentalement différents tendent souvent à se confondre. Et un Espicien peut très bien être capitaine ou général de légion en même temps.
Cependant, pour toutes les décisions qui ne relèvent strictement pas du domaine militaire, c’est la parole du collège de l’Eglise, respectivement les Prophètes, les Primarques et les Espiciens, qui prévaut sans discussion. L’Ordinatori est au service de l’Eglise et à ses ordres.
Encart : le légisme est une philosophie politique qui considère que la loi est le fondement de toute société, et que celle-ci doit être appliquée par la force et non par une puissance morale qui la justifierait. La position de force et l’application de la loi ne se réfèrent dont à aucunes morales ou vertus, mais seulement à la compétence et l’efficacité de qui détient le pouvoir. Le légisme entre en conflit avec la philosophie des Vertus et ne s’est jamais répandu efficacement. Il a par contre influencé la culture Hégémonienne et Hemlaris.
Les Prophètes
Au sommet de l’organisation de l’Eglise, il y a les Prophètes. Ils sont toujours trois, bien que ce nombre ait fluctué. A l’origine il n’y avait qu’un seul Prophète, et dans l’histoire, il y en a parfois eu deux, voire quatre.
Les Prophètes sont la voix et la représentation directe du Concile Divin sur Loss et par conséquent dictent les grandes directions de la doctrine de l’Eglise. Les Prophètes ne sont pas toujours d’accord entre eux, et malgré le fait qu’ils soient à la même échelle au sommet de la hiérarchie de l’Eglise, il est fréquent qu’un Prophète ait dans les faits une influence et un pouvoir accru sur les deux autres. Chaque Prophète est toujours accompagné d’un invisible Thanataire qui le rend pratiquement invulnérable.
Les Prophètes président les assemblées ministérielles de l’Eglise et décident des réunions des Conciles. Les Conciles sont rares, en général, un par siècle et convoqués à des moments exceptionnels.
On ne sait pas exactement selon quels critères un haut-membre du clergé de l’Eglise est choisi pour devenir Prophète. La sélection se fait lors de réunions tenues particulièrement secrètes où sont appelés un petit nombre de Primarques et parfois d’Espiciens. Le nouveau Prophète désigné est alors présenté publiquement. Une partie des candidats disparait sans que personne ne sache ce qui est arrivé. Etre choisi Prophète change profondément le candidat, parfois au moins de difficilement le reconnaitre dans ses nouvelles habitudes et sa personnalité.
(Plus de détails sur les prophètes et les Thanataires dans le livret des Secrets de Loss)
Les Primarques
Ce sont les ministres de l’Eglise. Il y a en général un Primarque par grande cité-état, qui représente l’autorité supérieure du Concile pour l’ensemble du culte. Parmi eux sont nommés les ministres de l’Eglise, chacun ayant en charge la direction de l’un des postes majeurs de l’administration du clergé. Chaque ministre est en charge de gérer son portefeuille et ne rends compte qu’aux Prophètes ; il a une assez large liberté d’action. Dans leur ensemble, les Primarque sont très influents et riches et, techniquement, ils sont, comme les Espiciens, des seigneurs tout-puissants sur leur domaine, rivalisant de pouvoir avec les plus grands princes des cités-états.
Les Espiciens
Les Espiciens sont les leaders du ministère local du Culte de l’Eglise du Concile. Chaque cité-état en compte au moins un. La fonction se compare à celle d’un évêque, le grand-prêtre du clergé local de sa congrégation pour toute la région dont il a la charge. Les Espiciens sont le cœur de la hiérarchie du ministère de l’Eglise, mais sont très autonomes : il n’est pas rare que certains Espiciens fassent passer l’intérêt de leur congrégation et de leur cité-état avant les intérêts de l’Eglise d’Anqimenès. Il s’agit du plus haut grade accessible localement dans l’Eglise. Celle-ci ne désigne jamais, de Primarques ailleurs que dans l’Hégémonie. La plupart des Espiciens sont des vétérans et gradés de l’Ordinatori, mais certains peuvent avoir accédé à ce rang par la voie « civile ».
Les prêtres & les abbés
Les prêtres forment le pilier de la hiérarchie de l’Eglise et sont de rang égal aux lieutenants de l’Ordinatorii. Mais leur rôle est avant tout civil et local. Ils dirigent les cérémonies du culte, les bénédictions, les unions, les sacrements de la naissance à la mort, et le respect du Dogme parmi les fidèles dont ils ont la charge. Ils sont aidés en cela par des diacres, des prévôts civils, et des subalternes Ordinatorii. Ce sont les représentants de l’Eglise les plus proches du peuple, les plus nombreux et les plus influents sur leurs ouailles qui les fréquentent quotidiennement. Les Abbés sont les prêtres à qui a été confié la direction d’une école, d’un orphelinat ou d’un hospitalet de l’Eglise. Le titre est honorifique, mais les abbés sont les dirigeants des structures sous leur charge.
Les Inquisiteurs
L’inquisition chargée d’enquêter et de dispenser la loi concernant les hérésies et crimes envers l’Eglise est à la charge des prêtres, dont un certain nombre, formé en collèges Inquisitoriaux, travaillent sans relâcher à cette tâche. Paradoxalement, et malgré la cruauté des sentences en cas de crime avéré, ce sont des hommes loyaux et honnêtes pour la plupart. Les monstres, tortionnaires et sanguinaires y sont rares, d’autant que la décision de justice n’appartient pas à l’Inquisition, qui enquête, mais aux Espiciens. Si une région vit des procès injustes, des tortures barbares et des exécutions sanguinaires, c’est que l’Espicien local est un tyran : l’inquisition n’est alors que son bras armé.
Les ordinatorii
Les Ordinatorii sont le bras armé et les serviteurs de l’Eglise, formés dans des casernes depuis leur plus jeune âge. Si le recrutement se fait souvent avec des orphelins intégrés dans des casernes militaires ou encore des jeunes gens dont c’est la seule échappatoire à un rang social misérable, un des enfants d’une famille aristocratique pourra y être envoyé pour servir le clergé de l’Eglise et assurer ainsi une carrière influente. Enfin, les enfants d’un Ordinatorii le deviennent souvent à leur tour. La plupart des ecclésiastiques ont suivis cette formation et la plupart ont porté le linotorci et la lance-impulseur de l’Ordinatori. C’est le seul rang ouvert aux femmes, à la condition de masquer leur visage en publique et devant tout autre Ordinatori, et de ne jamais exposer leur corps. Etre Ordinatori est une carrière qui peut se prolonger jusqu’à devenir officier supérieur et général de légion, un grade équivalent à celui d’Espicien.
L’Ordinatori veille à remplacer tout lien familial par une profonde et religieuse fraternité entre les Ordinatorii. La vie dans les casernes est rude, dure et cruelle mais elle est aussi riche et fournie en éducation ; tous les Ordinatorii sont lettrés. Il est à noter que le modèle de légion de l’Ordinatori a été suivi par pas mal de forces militaires qui ont recrutés des vétérans Ordinatorii retournés à la vie civile pour former leurs propres armées.
Les Quaesitorii
Les Quaesitorii, sont les hommes de Hautes-Œuvres des Prophètes : ses assassins, ses soldats d’élites et ses enquêteurs. Peux nombreux, les Quaesitorii sont chargés de la sécurité des proches et familles des hautes instances du clergé. Certains corps d’élites, reconnaissables à leurs armes ardentes, enquêtent et pourchassent tout complot ou menace envers le Concile et l’Eglise et sont utilisés comme troupes d’éclaireurs ou d’avant-garde pour briser les plus solides résistances adverses. Ils ne se chargent en aucune manière de justice : ce sont des tueurs froids, efficaces et discrets. Quand un Quaesitori annonce son titre, tout le monde préfère obtempérer sans rechigner. Le rang des Quaesitorii est ors de la hiérarchie de l’Eglise citée plus haut. Techniquement, ils ne rendent compte qu’au Ministère des Primarques et aux Prophètes.
5- L’Eglise et les lossyans
L’Eglise du Concile a une influence énorme sur la culture des peuples lossyans. Une influence qui s’étend sur toutes les Mers de la Séparation et les quatre-cinquième de sa population. L’Eglise est la religion dominante et elle n’en tolère d’ailleurs pas vraiment d’autres. Sauf pour les cultures non conciliennes, pour toutes les cités-états de Loss et malgré la pérennité de petits rituels privés et de cultes locaux ici et là, toujours vivaces, la foi en l’Eglise du Concile est la norme et le respect de ses Dogmes des principes de vie.
Mais les choses ont quelque peu évolué et se sont assouplis, parfois au corps défendant de l’Eglise qui a dû mettre de l’eau dans son vin. Les effets combinés de l’influence des grandes corporations civiles et des progrès de l’expansion de la littérature et du savoir moderne, ont lézardé le socle de l’énorme pilier que représente le pouvoir de l’Eglise. Elle-même admets, bien que du bout des lèvres, que certains principes et codes devraient être révisés et qu’une tolérance plus large est souhaitable vis-à-vis des contrevenants. Cependant, les Prophètes ne remettent pas en question les Dogmes eux-mêmes et à Anqimenès, oser interroger ces sujets est une bonne manière d’attirer les Inquisiteurs comme la petite vérole sur le bas-clergé.
Relations sociales
Le rapport des civils à l’Eglise est un peu compliqué mais, dans l’ensemble, il s’agit de dévotion religieuse, de respect de l’autorité des prêtres et du pouvoir des Ordinatorii, de crainte superstitieuse du Concile et de peur légitime de ses moyen matériels. L’Eglise possède nombre d’esclaves Chanteuses de Loss, le plus souvent dédiés à la distraction et aux plaisirs, mais celles-ci sont aussi des armes terribles. Les Espiciens ont souvent une esclave parfaitement conditionnée en guise de garde-du-corps, et dont ils n’hésiteront pas à user et à sacrifier au besoin.
Les lossyans respectent les prêtres et en général ils sont appréciés. Ces derniers sont proches du peuple : les prêches réguliers dans les temples rassemblent nombre de fidèles, les hospices de l’Eglise sont ouverts gratuitement aux gens pauvres qui ont besoin de soin et l’Eglise locale distribue souvent de la nourriture aux nécessiteux. Plus on va vers le sud, plus les codes et règles concernant les femmes sont appliqués souplement et les diacres et assistants des prêtres prennent à cœur leur travail de soulager les maux de l’humanité, préserver la civilisation et la faire prospérer. Ce sont des pères, des sages et des ainés, pour le petit-peuple. Sauf bien sûr, quand ils deviennent des tyrans.
L’Eglise manie allègrement le bâton et la carotte. D’un coté, pauvres et indigents peuvent être soignés, et aidés, de l’autre, ils peuvent être asservis sans pitié, pratiquement sans besoin d’explication et au mépris des lois des cités-états locales, quand encore celles-ci ne leur donnent pas raison par défaut. L’Eglise se considère intouchable, toute-puissante et supérieur à toute autre autorité. Le despotisme, les abus de pouvoir, la tyrannie cruelle, y sont autant monnaie courante que les prêtres généreux et le cœur sur la main, dont la seule ambition est de montrer que l’Eglise aime ses ouailles et veille sur eux.
L’Inquisition est omniprésente et les temples se mêlent de tous les aspects de la vie privée au travers des rituels de la naissance, des passages à l’âge adulte, de l’éducation, des mariages, des rites funéraires, de l’administration des biens et des avoirs de l’Eglise, du commerce et de la finance, mais aussi de la défense, et des forces armées. On ne peut oublier l’Eglise ; son emblème, le Cercle d’Argent, est partout.
L’Eglise gère des écoles, des universités, des hospices. Ses temples sont souvent attenants à des orphelinats et des casernes, mais aussi des Maisons des Esclaves réputées pour le raffinement du Haut-Art qui y est pratiqué et aussi des maisons closes à houris. Elle dispose aussi de biens fonciers et immobiliers, gérant des terres et des villages ou encore des corporations qui lui payent écot. Bref, l’Eglise est puissante, riche, influente et répandue partout.
Les rites courants de la vie
Le culte commun
Chaque maison lossyanne, en plus souvent de petits autels aux esprits, ancêtres, ou aux anciens dieux, dispose sur son foyer ou face à la porte d’entrée, d’un grand bougeoir où trône une chandelle blanche posée dans un « cercle d’argent » (souvent un cercle de terre cuite blanche, pour les plus pauvres). La chandelle est allumée à chaque tombée du jour, pour au moins quelques instants de prière. Les plus riches laissent la chandelle brûler chaque nuit.
Tous les Alere et Ni’concilo, les temples ouvrent leurs portes de la tombée du soir, à minuit, pour un culte, avec des prières, parfois un sacrifice rituel animal des prêches, des sermons, et la bénédiction de la foule pendant que sont rappelés les Dogmes. C’est aussi bien un rite sacré qu’une fête et un rendez-vous social important. La plupart des lossyans n’imaginent pas s’y soustraire, aussi bien par intérêt que respect religieux.
Les sacrements
La naissance : Officiellement, le nom de l’enfant, même choisi à la naissance, ne sera donné que passé sa troisième année. Une fois passé son anniversaire, il est présenté au temple et son nom officiellement annoncé. Ce nom sera béni par un prêtre et l’enfant sera alors reconnu et inscrit en tant qu’individu sur les registres du temple. A noter que même pour les moins pratiquants, cette coutume est respectée, parfois dans une cérémonie laïque.
Le passage à l’âge adulte : L’âge adulte sur Loss est de quatorze ans. Le rituel coutumier est un sacrement public qui a lieu une fois par an, en présence de l’Espicien. La cérémonie est un serment de dévotion, obéissance et fidélité à l’Eglise du Concile, après quatre jours de jeûne et d’isolement complet des futurs adultes. Tous les hommes présents doivent faire couler leur sang en jurant ; toutes les femmes doivent poser les deux genoux à terre, tête basse, au moment du serment.
Le mariage : Chez les lossyans, il est de coutume de se marier dans une fête laïque. Cependant plus le mariage implique d’intérêts et se fait entre familles riches, plus grandes seront les chances qu’il se fasse religieusement. Deux bracelets d’argent sont apportés par l’époux et scellés aux poignets de l’épouse devant les témoins et la famille, tandis que le prêtre unit les deux mariés. Ces bracelets sont parfois laissés aux poignets de l’épouse, à vie. Elle ne pourra en théorie les retirer qu’en les brisant. L’époux ne porte aucun symbole marital dans ce type de cérémonie, mais l’alliance, tradition athémaïs, se répand de plus en plus.
Les interdits, règles & codes courants :
Ces codes, interdits, et règles, sont peu ou prou existants partout mais sont plus ou moins adaptés, assouplis ou galvaudés selon les régions. On peut être sûr que c’est pris à la lettre dans l’Hégémonie, mais que dans l’Athémaïs et surtout à Armanth, tout le monde s’en moque sans doute :
- Les services de la prostitution sont interdits. Si l’Eglise encourage l’usage d’esclaves dans des bordels, les houris, faire appel aux services sexuels d’une prostituée libre est un crime. L’Eglise chasse -un peu en vain- aussi bien les catins que leurs clients.
- Manquer une messe sans avoir une bonne raison est une faute qui doit être réparée, par un don, en nature, argent ou service d’intérêt général.
- Ne pas offrir l’hospitalité à un étranger dans le besoin est un crime.
- Aucune femme ne devrait porter d’arme, se battre, prendre des fonctions militaires, posséder une entreprise en son nom propre ou encore étudier les Sciences & les Arts.
Encart : Sur Loss, les sciences et les arts sont ce que nous nommerions de nos jours les sciences et arts appliqués, et l’ingénierie, voir le chapitre « Les Génies de Loss ».
- Une femme qui ne peut prouver qu’elle a une famille, des tuteurs ou un protecteur peut être arrêtée et asservie sur le champ.
- Dissimuler, aider, cacher -ou être complice par non-dénonciation- toute personne rousse, ou Chanteur de Loss, est un crime puni de mort et d’asservissement de toute la famille directe du coupable.
- Il est interdit d’affranchir une esclave (pas un, mais bien une). Il est interdit de laisser libre un Terrien Perdu.
- L’Eglise n’admet pas le meurtre d’un lossyan par un autre lossyan. Pareillement, le viol, la torture, les crimes sur enfants, sont impitoyablement châtiés avec cruauté.
- L’homosexualité est une hérésie pour l’Eglise mais officieusement, il y en a tant au sein de l’Ordinatori et dans les Maison des Esclaves que l’Eglise ne condamne que le fait d’afficher ouvertement l’homosexualité, pas son existence. Et encore est-elle forcée de fermer les yeux sur ses propres rangs.