L’esclavage & le Haut-Art
Point culturel important, et d’autant plus qu’on le retrouve dans pratiquement toutes les sociétés et cultures de Loss, à l’exception des San’eshe, l’esclavagisme sur Loss est un sujet assez vaste et assez complexe pour nous, humains occidentaux du 21e siècle. Pour les lossyans, l’idée de posséder un être humain n’est absolument pas choquante, sauf quelques cultures non-conciliennes. Les lossyans ne considèrent pas la notion d’humanité comme un droit inaliénable de naissance, mais un statut qui se gagne, se mérite et donc peut être perdu ou retiré. Sur Loss, l’esclavagisme n’est pas si différent de ce qu’il fut sur Terre, à l’époque Romaine et durant une partie du moyen-âge.
L’esclavage est plutôt répandu. C’est moins une force de travail qu’un luxe et une marque de rang social, un signe extérieur de richesse. On emploie bien des esclaves pour les travaux les plus pénibles, mais la vraie richesse, c’est de d’avoir des esclaves de compagnie à son service. Posséder des esclaves ou souhaiter en posséder est tout à fait normal, tout comme en exploiter et en faire commerce. Le Haut-Art, l’art de savoir asservir, est considéré comme un talent noble, sacré et admirable.
1- La position des lossyans sur l’esclavagisme
Les lossyans partagent pratiquement tous des valeurs, les Vertus, qui de leur point de vue les différencie des animaux : l’Honneur, le Courage et la Sagesse. L’idée que certains individus soient dépourvus de l’une de ces Vertus ne surprend pas un lossyan mais à ses yeux, cela signifie que celui-ci n’est alors plus humain : au mieux c’est un barbare, au pire une bête stupide et indigne de considération.
C’est vis-à-vis de ces principes, de ces corrélations culturelles, que les lossyans jugent qui est humain et qui ne l’est pas. Mais une fois une personne asservie, elle n’a plus d’Honneur. Elle est de facto, si on en doutait encore, un animal, une propriété. Parce que tout simplement, un esclave n’a plus ni le droit ni les moyens de défendre son honneur ou de le faire défendre par sa famille. L’esclave ne fait que refléter et représenter l’honneur de son maitre. Lui n’en a pas, sauf si un exploit fait qu’on est forcé de le reconnaitre.
Sans Honneur, un lossyan n’en est plus un. C’est ce point qui effraie tant tout le monde concernant l’asservissement. Il leur est alors tout retiré : propriétés, possessions, droits, nom, dignité et même leur humanité. Certains préféreront mourir que d’être asservis. Pourtant, personne n’arriverait à considérer l’esclavage comme inacceptable, c’est même pour beaucoup de lossyans une bonne solution de lutte contre la plus grande pauvreté des indigents et l’insécurité des rues. Et asservir un barbare ou un Terrien Perdu est une évidence qui va de soi, puisque ce sont des pauvres hères qui ne comprennent ni les Vertus, ni les bienfaits de l’Eglise.
2- Les esclaves
Il n’y a pas d’équivalent de traite négrière sur Loss et sauf à Armanth et quelques autres villes, nulle part de forte concentration de communauté d’esclaves dans un périmètre limité : l’esclavage ne représente pas une source de revenus par l’exploitation d’un grand nombre d’entre eux dans des plantations ou des ateliers.
Il existe cependant des chantiers, mines et carrières où des condamnés aux des travaux forcés sont exploités dans des conditions si rudes qu’ils ne vivent guère plus de quelques années ; en majorité des criminels condamnés et des prisonniers de guerre. Il est rare qu’un esclave soit envoyé aux mines, sauf suite à une erreur impardonnable, à moins d’être tombé sur un propriétaire sans scrupules ni pitié.
Il n’y a guère qu’au maximum 5% de la population d’une cité-état qui soit asservie. Et plus on va vers de petites communautés et villes, plus ce pourcentage se réduit. Les deux seules exceptions sont Anqimenès et Armanth. Anqimenès compte 10 à 12% d’esclave et Armanth un peu moins de 10%, principalement par son Marché aux Cages, le commerce d’esclave étant une de ses grandes sources de revenus. Aux grands marchés, Armanth peut parfois se retrouver avec presque 250 000 esclaves, dont 50 000 environ en vente et en transit dans ses murs.
A noter qu’il y a eu des époques où dans l’Italie de la Rome antique, il y avait jusqu’à 2 à 3 millions d’esclaves, c’est-à-dire un tiers de la population. Même l’ensemble de l’Hégémonie d’Anqimenès n’en abrite pas autant.
Hommes et femmes asservis
La plupart des esclaves domestiques sont des femmes. Les lossyans préfèrent femelles pour des questions de contrôle aussi bien que de plaisir, mais aussi de prestige. De plus, le Haut-Art est rarement pratiqué sur des mâles. Une esclave est en générale est une servante domestique, un animal de compagnie et une source de distractions sexuels. On ne les emploie pas aux champs ou dans les ateliers et industries. Pour un lossyan, il n’y a guère de différence entre posséder un chat ou un chien et un esclave ; sauf que ce dernier a des qualités supplémentaires indéniables et qu’il lui est possible de temps en temps de regagner sa liberté.
Un homme asservi est le plus souvent un forçat : soit un ennemi capturé, soit un criminel. Les lossyans ne sont guère tendres avec eux et ceux-ci connaissent un sort franchement déplorable. Les lossyans ont du respect pour leurs esclaves femmes. Si elles ne sont plus considérées que comme des animaux de compagnie, elles sont souvent chéries et plutôt bien traitées, même si leur sort peut parfois être franchement glauque, comme les houris de bordels. Les hommes eux sont traités comme une force de travail corvéable à merci, dont la vie n’a aucune valeur. Ils sont envoyés sur les chantiers et aux mines et leur vie est en général courte et misérable. Les seuls à s’en sortir un peu mieux sont les gladiateurs, mieux considérés et quelque peu respectés, qui ont une petite chance un jour de gagner leur affranchissement s’ils parviennent à rester en vie et briller dans l’arène.
Statuts légaux
Un esclave est une propriété, et un bien mobilier avec un statut légal à mi-chemin entre un humain, et un animal. Aucun lossyan ne niera vraiment qu’un esclave est un être humain, mais il n’a aucuns droits en théorie. Il ne possède plus rien, bien qu’il puisse se voir offrir possessions et privilèges par son maitre. Il ne dispose pas plus de son nom, que son propriétaire peut modifier à sa guise, que de son intégrité physique. Ce dernier est parfaitement en droit d’user de sa propriété à sa convenance, y compris la vendre, la prêter, la donner, la soumettre aux sévices et châtiments qu’il voudra, ou encore lui ôter la vie.
Cependant, les esclaves sont protégés par des conventions coutumières : il est considéré comme déshonorant de maltraiter ou affamer son esclave, de négliger sa santé et son bien-être, ou encore de le mutiler ou le tuer gratuitement. Un esclave est un investissement qui n’est pas anodin et une représentation de l’honneur de son propriétaire. Il n’est pas rare qu’un esclave soit affranchi à la mort de son propriétaire, tout comme il est courant qu’un esclave ayant accompli un haut-fait regagne ainsi sa liberté. Celui qui traite de manière cruelle et injuste son esclave, non seulement risque de provoquer une rébellion et des drames, mais entache son honneur et sa réputation.
Si toute rébellion ou fuite d’esclave est châtiée durement, le propriétaire peut lui aussi être condamné à de lourdes amendes, voire à des peines plus lourdes encore. Un propriétaire d’esclaves est responsable de ce que commettent ses esclaves : les dégâts provoqués par l’esclave sont de sa responsabilité.
Les lossyans sont plutôt bienveillants avec leurs esclaves et en prennent soin. Mais il ne faut pas le prendre comme un fait constant : les sadiques, les bourreaux et les salopards existent comme partout. Il y a des esclaves maltraités et certains meurent des sévices qu’ils subissent, tandis que d’autres mettent fin à leur jour. Légalement, rien ne peut être attenté contre un homme qui maltraite un esclave, sauf par sa propre famille en portant plainte pour dégradation d’une possession familiale. Le plus souvent, quand un propriétaire a un souci avec son esclave ou souhaite s’en débarrasser, il se contente cependant de le revendre. La vente et le commerce d’esclave sont notoirement encadrés, soit par l’Église, soit par les confréries de la Guilde des Marchands, aussi bien dans les conditions de vente que les prix et les contrats de cession.
Une esclave peut enfanter, et selon les cas et la décision de son propriétaire, son enfant sera asservi à sa puberté ou affranchi dès sa naissance et adopté par la famille.
Il est à noter qu’affranchir une esclave n’est pas si rare. Souvent ce sera pour l’épouser ou l’offrir en mariage, mais aussi pour l’adopter dans la famille, mais aussi pour la récompenser d’un haut-fait.
Les types d’esclaves
On peut distinguer plusieurs types d’esclaves, en fonction de leur usage, mais aussi de leur dressage (voir plus loin):
Les esclaves domestiques : ce sont les serviteurs de maisonnée, chargés des tâches d’entretien domestiques et des corvées. Selon la taille du domaine et la richesse de la famille, ils seront spécialisés, comme les cuisiniers, par exemple Certains peuvent être des nourrices ou des gouvernants pour les enfants de leur maitre. Leurs journées peuvent être longues et harassantes, mais il est de coutume de leur offrir un jour à deux jours de repos par semaine lossyanne et de la permission de quitter le domaine pour la journée.
Les esclaves de compagnie : assignés à une personne en général, mais pas forcément, ce sont le plus souvent les esclaves les mieux traités qui tiennent tenir compagnie à leur maitre et dont les corvées sont assez réduites, la principale étant le service et quelques tâches ménagères, comme laver le linge de leur propriétaire. Ils peuvent être formés aux arts musicaux et lyriques ou simplement sont d’agréables de compagnie et de discussion, voire une source de prestige par leur apparence et la qualité de leur service. Ces esclaves suivent leur propriétaire partout ; il est fréquent qu’ils aient des moments de loisir quand celui-ci est occupé ou n’a pas besoin ou désir de leur présence.
Les esclaves des plaisirs : Les esclaves des plaisirs sont pratiquement toujours formés par le Haut-Art dans les Jardins des Esclaves des plus grands maitre-esclavagistes et choisis sur d’exigeants critères esthétiques et intellectuels pour être des esclaves de compagnie aux talents accomplis, que ce soit dans les arts, les danses, la culture générale, les services du bain et des massages et bien entendus, les services et les jeux sexuels. C’est parmi les esclaves des plaisirs que se trouvent bien sûr les esclaves les plus chers. L’immense majorité des esclaves des plaisirs sont des femelles. Les mâles destinés au plaisir sexuel des femmes sont rares.
Les esclaves publiques : les esclaves publiques sont la propriété d’une personne ou d’une confrérie/guilde, qui en use dans des auberges, maisons de bains ou encore maisons de prostitution. Les houris, esclaves prostituées, sont enchainées aux alcôves où elles reçoivent les clients, parfois plusieurs dizaines par jour. Les autres esclaves publiques n’ont guère un sort plus enviable. Si une esclave travaillant comme serveuse dans une auberge est assez bien traitée, les esclaves de maison de bain exploitées comme les houris pour maximiser les revenus de leur propriétaire. Celui-ci veille à leur santé et leur sécurité car il en aurait de sa poche et pourrait, en cas de plainte de clients ou d’accidents, devoir en répondre devant la loi ou les personnes lésées. Mais la vie de ces esclaves sera souvent courte et dramatique.
Les esclaves de travail : indifféremment hommes et femmes mais assez peu courant, les esclaves de travail sont les auxiliaires des ouvriers et des patrons des ateliers et manufactures. Leur tâche est similaire à celle des apprentis et des aides. Comme le plus souvent, ce genre de rôle est pris par des apprentis ou les enfants des ouvriers et que les esclaves sont en général cher, ils ne sont guère répandus sauf dans les plus grands centres industriels, comme les chantiers navals d’Armanth ou les manufactures de soie de Cymiad.
Les traditions & lois de l’esclavage
Quelques généralités sur les contraintes et interdits des esclaves. Ils varient largement selon les régions, donc ils ne sont portés ici qu’à titre général :
Il n’est pas exceptionnel de voir un esclave armé, mais cela sera toujours vu d’un mauvais œil. Cependant, en cas de risque, on met à disposition des esclaves des maisonnées des armes pour défendre leur vie, mais surtout celle de leurs propriétaires. Il est fréquent que les lois locales interdisent que les esclaves portent la main à toute arme, sauf sur ordre exprès de leur maitre.
Les deux pires crimes que peut commettre un esclave sont la tentative de rébellion et l’agression d’une personne libre. Dans les deux cas, c’est pratiquement systématiquement la mort ; mais il est possible que selon le degré de gravité du crime, et la décision du propriétaire, il lui soit accordé une grâce : la sentence se transformera alors en châtiment public, au fouet le plus souvent. Et le propriétaire devra éventuellement s’acquitter de dédommagements.
La fuite est un autre crime châtié avec cruauté. Il est presque impossible pour un esclave qui porte un linci d’échapper aux chiens qui traqueront son odeur. Mais dans tous les cas, malheur à l’esclave qui est rattrapé. Il peut espérer échapper à la mort ou à la mutilation une première fois, mais sera sévèrement puni. La seconde fois, il sera mis à mort lentement et en public pour servir d’exemple.
Le vol est un crime qu’on ne pardonnera pas à un esclave, y compris celui d’un quignon de pain parce qu’il meurt de faim. Si on reprochera lourdement au maitre sa négligence aux besoins et à la santé de son esclave, celui-ci sera durement et publiquement châtié. En cas de récidive, il est probable qu’il soit amputé d’une main et abandonné à son sort.
Tout maitre s’attend à ce que son esclave obéisse de son mieux et exécute aveuglément les ordres qu’il lui donne. La désobéissance de l’esclave n’est pas tolérée, surtout devant témoin. C’est un bon moyen pour un lossyan de risquer de perdre la face, donc il n’hésitera pas à punir d’autant plus sévèrement que l’affront a été marquant. Il est impensable qu’un esclave mente, triche, ou dissimule quoi que ce soit. Ceux-ci ne se gênent pas pour le faire mais le châtiment est rude pour qui se faire prendre. Selon les maitres, ce point peut aller très loin, ceux-ci exigeant que leur esclave ne leur dissimule rien, y compris leurs pensées et désirs les plus intimes, avec une interdiction complète de tenter de voiler ou cacher quoi que ce soit.
On ne reconnait pas la filiation et la famille d’un esclave : une fois asservis, ils n’existent plus, même pour une mère. Selon les cas, un propriétaire est en droit de retirer les enfants d’un esclave, soit pour les adopter, soit pour les élever en futur esclaves (les lossyans n’asservissent pas les enfants avant le 14ème année). Les liens fraternels ne sont pas plus respectés que le reste. Séparer des frères, des sœurs ou des jumeaux ne posent pas plus de dilemme aux lossyans que s’ils devaient séparer les chiots d’une même portée.
Enfin, on attend de tout esclave respect, déférence et humilité. L’injure ou la provocation, le dédain, ou le mépris d’un esclave pour une personne libre n’est jamais toléré. L’individu lésé peut très bien ne pas attendre d’aller demander des comptes au propriétaire et battre l’esclave frondeur lui-même, qui, par la suite, risque bien d’en reprendre une couche quand son maitre l’apprendra.
3- Le Haut-Art
C’est par ce nom que la plupart des lossyans désignent le dressage des esclaves. Pour eux, c’est un art, codifié et presque sacrée. À l’origine, le Haut-Art a été conçu et perfectionné par l’Eglise pour parvenir à mettre sous un joug psychologique complet Chanteuses de Loss, seule alternative selon les Dogmes du Concile, à leur destruction complète.
Le Haut-Art est un ensemble de techniques et de méthodologies de dressage et de conditionnement d’un être humain, visant à annihiler toute autonomie réelle et capacité de rébellion. Il y a un millénaire que ces techniques sont peaufinés ; chaque génération d’esclavagistes les a testées, perfectionnées et enrichis. Le Haut-Art a fait l’objet de traités de références, jusqu’à devenir une institution. Désormais, ce talent est si performant que très peu de gens peuvent résister au Haut-Art convenablement usité. Une poignée de semaine suffit pour briser n’importe quel individu, et à peine trois à quatre mois pour s’assurer que le conditionnement l’aura rendu incapable de survivre sans le joug d’un maitre ou d’avoir des velléités de recouvrer sa liberté.
Le Haut-Art est rarement employé sur les hommes. Il a d’abord été conçu dans l’esprit des Ordinatorii de l’Église comme un outil efficace pour asservir les Chanteuses de Loss. Dans la mesure où l’Église et ses Dogmes sont notoirement sexiste, l’emploi du Haut-Art sur des mâles et très récent, bien que cela fonctionne quel que soit le genre, la culture ou la personnalité de la victime.
Le Haut-Art demande des qualités particulières, aussi bien en termes de psychologie, que d’entêtement, de sens de l’observation, de l’adaptation, de la résistance mentale, ainsi qu’une certaine imperméabilité à la pitié. Un esclavagiste qui sait le manier peut parfaitement être un homme compatissant et chaleureux, mais il n’a aucun droit de laisser parler sa pitié devant les suppliques et les souffrances des esclaves qu’il va dresser.
Le conditionnement
Une esclave qui subit le Haut-Art se voit dénuée de tout ce qui constitue l’identité et l’amour-propre de chaque individu. Elle est enfermé nue, privé de nourriture, d’intimité, de la moindre liberté de mouvement ou de parole, forcé à supplier et obéir aveuglement à des ordres très simples répétés encore et encore, pour pouvoir simplement boire, manger ou faire ses besoins. Avec patience et cruauté, elle est avilie jusqu’à ce qu’elle ne puisse espérer améliorer son sort qu’en acceptant sa situation et en coopérant totalement avec son tortionnaire qui poursuivra sa tâche jusqu’à obtenir sa pleine obéissance. Tout le principe est pour le dresseur de pousser sa victime à ses derniers retranchements pour briser toute once de capacité à la rébellion. Une fois ceci obtenu, il pourra reconstruire l’esclave en un parfait animal dévoué à servir, qui ne remettra plus son sort en cause.
Le dressage
Une fois l’esclave totalement brisée et conditionnée, elle peut alors être éduquée et dressée. Selon les cas, cette étape sera sommaire et rapide ou au contraire poussée avec le même raffinement et la même cruauté de la perfection, que ce soit pour la musique, la danse, les arts corporels ou ceux des bains, du massage, des plaisirs sexuels, bref, tout ce qui pourrait augmenter la valeur du futur produit mis en vente. Une éducation parfaite et aussi poussée peut prendre des mois, voire des années.
Tout est codifié et soigneusement planifié, y compris les punitions et châtiments corporels pour réussir ce travail. Le plus ardu de cette pratique, consiste à détruire et reconstruire en ne laissant qu’un minimum de séquelles physiques et psychologiques, afin d’obtenir une esclave parfaite. Dans ce domaine, les violences sexuelles font partie des choses à éviter, autant que la torture et les pires sévices.
Le Haut-Art demande du temps, des moyens, du personnel, d’autres esclaves formés -les éducatrices- et un lieu adapté. C’est un métier qui exige un investissement : les Jardins des Esclaves emploient beaucoup de monde. C’est pour cela que le Haut-Art es réservé à la formation des esclaves de compagnie et des esclaves des plaisirs.
En général, même le meilleur esclavagiste doit compter avec environ 5% de pertes et d’échecs. La pression psychologique et physique est intense, surtout les premières semaines, avec l’isolement de l’esclave, ses privations, les mauvais traitements pour le briser et environ une personne sur vingt, voire plus, ne le supportera pas et basculera dans la folie ou attentera à sa vie ou à celle des autres. Dès le début du dressage, l’esclavagiste veille à bien observer ses captifs pour déceler les risques et les anticiper.
Personne ne sort indemne de ce dressage. Une personne qui l’a subi en restera fragilisée, émotive, dépendante et très sensible à l’autorité. Selon les cas, cela créera un manque et un besoin si vif que la personne qui a vécu le Haut-Art ne pourra jamais vraiment libre. Elle cherchera toujours le joug et la protection d’un maitre, instinctivement. C’est pour cela que certains lossyans disent qu’il est stupide d’affranchir ces esclaves-là. Ce n’est pas véritablement un cadeau qu’on leur fait.
4- Le commerce des esclaves
Dans tout le nord des Mers de la Séparation, le marché de l’esclavage reste encore en partie sous le contrôle de l’Église. Elle attribue les licences, forme les esclavagistes au Haut-Art et valide et contrôle les cargaisons et convois de marchandise. C’est une manne financière et l’Hégémonie est une très grande importatrice d’esclaves. C’est même un des meilleurs clients des marchés d’Armanth.
Mais au sud, la Guilde des Marchands a conquis le secteur depuis plusieurs décennies. Elle fixe désormais les prix, les conditions de vente et la plupart des esclavagistes préfèrent aller se former à Armanth, qui concentre les plus prestigieux Jardins des Esclaves de toutes les Mers de la Séparation, ce qui étonne toujours puisqu’Armanth est la cité-état la plus progressiste de tout Loss. Mais le fait est qu’une bonne partie de la richesse de la Cité des Maitres-Marchand est due au commerce d’esclaves. Après tout, après le loss-métal, la richesse la plus convoitée est les femmes ; le commerce d’esclaves femelles est donc florissant.
L’approvisionnement
Les lossyans font des raids pour se procurer des esclaves, mais ils en sont pas si courant. Ils n’en font pas non plus l’élevage. Les principales sources d’approvisionnement sont la vente de filles par les familles pauvres ou souhaitant se débarrasser d’enfants non désirés et l’asservissement des indigents arrêtés et, en second lieu les captifs des campagnes militaires et des pillages. Les pirates de l’Imareth n’hésitent guère à lancer des razzias au cours duquel, en plus de piller les biens de leur cible, ils font des prisonniers qui seront alors revendus partout. Enfin, certains peuples sont considérés comme des viviers de capture, comme les Svatnaz et les San’eshe.
Comme mentionné plus haut, le pourcentage d’esclaves dans la population est relativement faible. C’est un produit de luxe souvent destiné le plus souvent à l’agrément et au prestige, ce qui implique que les acheteurs sont exigeants et que tout est mis en œuvre pour préserver les marchandises en bon état et en tirer le meilleur prix.
Si les forçats sont mis en vente en lot comme du bétail, les esclaves femelles -et mâle de luxe-sont vendues le plus souvent à l’unité. On vend toujours aux enchères, et on fait ses offres toujours devant le produit. Le plus grand marché d’esclaves est le Marché aux Cages d’Armanth, qui peut accueillir jusqu’à 50 000 esclaves dans son enceinte et dispose de pas moins de 100 estrades de ventes, ainsi que d’un luxueux hall des enchères, le Celendiaterio, où dans une ambiance festive agrémentée de serviteurs et de musiciens, sont mises en vente parmi les plus chères filles de Loss.
La mise en vente
Les esclaves sont vendus sommairement vêtus, mais les plus chères filles des plaisirs seront offertes au regard concupiscent des acheteurs seulement parés de quelques bijoux. Le vendeur, qui peut être l’esclavagiste, mais aussi un commissaire-priseur, détaille les qualités et l’éducation de l’esclave et s’arrange pour faire grimper les enchères en faisant s’exposer la fille mise en vente. Il n’est pas rare que des esclaves exposés sur les estrades se rebiffent ou renâclent à l’exercice, certaines le faisant à dessein ; elles ont ainsi quelques chances de pouvoir l’attention d’un acheteur plutôt qu’un autre, et toutes savent que leur sort dépend à cet instant de qui deviendra leur nouveau propriétaire. Les incidents sont rares sur les estrades les plus luxueuses, où les esclaves mises en vente ont accepté leur sort. C’est plus courant dans les ventes de captifs non dressés qui sont alors entravés pour éviter un accident.
Enfin, certaines ventes se font en privé : les clients les plus riches se déplacent dans les Jardins des Esclaves pour prendre le temps de choisir tout à loisir leur future acquisition. Cependant la Guilde des Marchands exige qu’un certain nombre d’esclaves soient mises aux enchères publiques : un esclavagiste peut très bien perdre sa licence s’il n’en fournit pas le quota qu’on lui demande. Cette exigence de la part de la Guilde est motivée par les taxes qu’elle retire de ces ventes et les bénéfices de la location des places d’estrades et des commissaires-priseurs.
En général, le prix d’une esclave éduquée sommairement varie de 200 à 1000 andris d’argent, en fonction de son âge et de sa beauté. Ce qui représente dans le cas le moins onéreux environ le prix de dix chevaux. Une captive sans dressage vaut communément 50 andris d’argent. Quand aux esclaves des plaisirs passés par le Haut-Art puis éduquées avec soin, elles s’échangent environ à 500 andris d’or, mais leur prix peut parfois s’élever à plus de dix fois cette somme.
5- Les esclaves Chanteuses de Loss
Il y a très peu d’esclaves Chanteuses de Loss. À Armanth, cité de 1,2 d’habitants, elles ne sont guère plus d’une soixantaine. Celles-ci sont donc particulièrement précieuses et d’autant plus choyées ; le prestige d’un homme qui possède une esclave Chanteuse est énorme et sa possession fait alors partie de ses trésors les plus précieux. Il est inutile de parler de prix, bien entendu. Tout le monde envie celui qui possède une Chanteuse de Loss, et certains propriétaires le cachent même. En général, c’est cependant l’Église qui possède le plus grand nombre de Chanteuses, la loi lui permettant d’exiger que lui soient remise les rousses et les Chanteuses de Loss, même si cette loi est assez peu respectée.
À noter que vu leur grande rareté, il existe quelques élevages d’esclaves rousses, même si l’idée d’élever un cheptel d’esclaves n’est pas courante. L’un des élevages les plus connus était celui de la Maison Tuna, une ex-grande famille marchande d’Armanth.
6- Les Languiren
Les esclaves les plus recherchées et les plus rares sont les Languiren, des esclaves des plaisirs conditionnés à ne pouvoir résister à la moindre sollicitation érotique et prendre du plaisir même dans la douleur. Les Languiren sont toutes des esclaves des plaisirs ayant subi le Haut-Art de main de maître et bien entendu destinés aux jeux sexuels, y compris les plus rudes et pervers.
Le Languori ne peut s’apprendre que de Languiren à Languiren mais il est admis que certaines personnes naissent naturellement Languiren. La formation d’une Languiren -là encore, il est très rare d’user de cette technique de dressage sur un esclave mâle- est un conditionnement physique qui s’apparente clairement à une forme de torture particulièrement perverse, pénible et difficile à endurer : c’est un mélange d’isolation sensorielle, de drogues hallucinogènes, et de stimulations de plaisir et de douleur en imprégnant le sujet choisi d’odeurs masculines pendant tout le Languori. Au bout de dix à quinze jours de conditionnement l’esclave ne pourra plus contrôler son instinct et ses sens en présence d’un homme. Une Languiren frémit et frissonne érotisée à la moindre caresse et est presque incapable de résister au désir. Son degré de dépendance, de docilité et d’asservissement est sans commune mesure avec toute autre esclave formée même par le Haut-Art.
Les Languiren sont terriblement érotiques de féminité exacerbée et animale et elles usent de leur séduction plus qu’aucune autre esclave ne pourrait y parvenir, tant elles sont à la fois affranchies du moindre frein moral et dépendantes du besoin de ressentir et trouver du plaisir. Certaines Languiren ne peuvent plus se satisfaire de ce besoin autrement qu’à travers la douleur ou l’humiliation d’être utilisées comme des jouets sexuels sans aucuns tabou et presque aucunes limites. C’est pour elles une nécessité aussi impérieuse que la faim, mais bien plus difficile à satisfaire. Parfois, chez certaines, le Languori a laissé de telles séquelles qu’elles ne pourront jamais vraiment être assouvies. Il est de notoriété publique qu’une Languiren délaissée ou insatisfaite peut dépérir ou se livrer à n’importe qui pour trouver le moyen d’assouvir ses besoins et calmer sa faim dévorante et constante.
Un Languori coûte cher, mais la rareté et le prix des Languirens est due au taux d’échec du conditionnement. Un sujet sur trois environ n’y résiste pas et soit meurt, soit devient dément. Il est difficile de choisir la bonne candidate apte à supporter le traitement et le plus souvent, les expertes à en juger sont les Languirens elle-même.
Une Languiren est mise aux enchères à 3000 à 4000 andris d’or en général, et peut se vendre à trois ou quatre fois ce prix, parfois bien plus.
Encore un sacré article! J’ai été attiré bien sûr par « la princesse Leia », excellemment crayonnée, mais surtout par l’idée de l’esclavagisme. Loss est plus évolué que le setting dans lequel je fais jouer (spelljammer), mais la problématique reste la même. C’est un sujet qui m’étonne toujours, car mes joueurs le perçoivent comme quelque chose de lointain et plutôt exotique, lorsque les pjs veulent libérer des esclaves, ils ne comprennent pas pourquoi ces derniers refusent parfois, et les considèrent comme des crétins (alors que notre consumérisme à outrance nous place dans une position similaire, avec de pseudo-libertés pour nous tenir calme). Merci pour cet article donc, il permet de clarifier certaines idées.
Ca reste un sujet très polémique, et il est sensible pour tout un chacun. Lors du questionnaire que j’ai fais pour voir les avis des joueurs sur les Chants de Loss, il est ressorti souvent que la place de l’esclavage dans le monde de Loss était cohérente… mais aussi que pour certains, sans surprise, il paraissait ardu d’imaginer comment l’intégrer dans le jeu de rôle et les aventures des joueurs. Les Chants de Loss n’est pas un monde où tu libère les esclaves. C’est un monde où pour tout un chacun, 99,9 % de la population, c’est on ne peu plus normal et moral que cela existe.
Ce qui choque notre propre moralité… et rends ardu d’imaginer comme exploiter cet aspect dans le JDR autrement que comme décor.
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