Le chamanisme & les cultes mineurs
Nous avons beaucoup parlé de l’Eglise du Concile Divin, religion omniprésente et toute-puissante dans les cultures Conciliennes de Loss. Mais, d’une part, des peuples comme les Dragensmanns et les San’eshe se moquent bien du Concile Divin et, d’autre part, jamais l’Eglise et ses Ordinatorii n’ont réellement pu éradiquer les anciens cultes religieux. Ces derniers perdurent sous des formes cultuelles privés et tolérées ou des organisations informelles ayant au long des siècles embrassé le culte du secret.
Parmi tous ces cultes, le plus influent et vivace, que l’Eglise considère comme la plus grandes des hérésies qu’elle doit combattre après celle des Chanteurs de Loss, ce sont les chamans.
Le chamanisme, origine & histoire
Parler de l’histoire du chamanisme dans Loss est un sujet compliqué. Parce que tout ce qui a été écrit avant l’An 0 AC a été détruit dans les décennies qui ont suivi la montée en force de l’Eglise. Et depuis, les chamans n’ont plus jamais rien couché sur le papier. Ce qui pose, encore aujourd’hui d’ailleurs, la question de la méthode qui leur permet de transmettre leurs connaissances et leurs savoirs. Ce que savent les rares chercheurs et sages osant enquêter sur un sujet qui est une très bonne manière de finir sur un bûcher pour hérésie est donc très sommaire. Ce sont sans doutes finalement les Dragensmanns, jamais ni envahis ni conquis par l’Hégémonie et l’Eglise, qui ont gardés le plus de traces de l’histoire de leurs chamans.
Le chamanisme est la plus ancienne forme de culte connue des lossyans. Mais dans les premiers siècles d’occupation de Loss, tandis que les lossyans apprenaient à vivre avec leur nouvel environnement, ils prirent une place particulière. Il y eut une mutation de la nature des chamans qui suivit la découverte des symbiotes et leur domestication. C’est sans doutes les chamans eux-mêmes qui furent les plus grands savants dans ce domaine et qui répandirent le plus activement l’usage et l’élevage des symbiotes. En parallèle, leur rôle d’intercesseur entre les lossyans et les forces naturelles évolua ; s’y ajouta une fonction additionnelle. De manière générale, c’est aux chamans qu’on finit par confier la surveillance, la garde et l’éducation des premiers Chanteurs de Loss à apparaitre parmi les lossyans. Les chamans pouvaient reconnaitre un Chanteur à des signes précurseurs avant que ce dernier ne vive le traumatisme de l’Eveil. Cela évitait ainsi les accidents dont nous avons déjà parlé concernant les Chanteurs de Loss.
Les chamans participèrent de manière évidente dans la région des Plaines de l’Etéocle à la naissance de l’ère de de la Magie, entre -100 et 0 AC. Et leurs connaissances sur les symbiotes, leurs talents particuliers de précepteurs pour les Chanteurs se répandirent partout. En quelque sorte, au summum de la gloire des Chanteurs de loss, devenus des quasi-dieux pour les cités-états qu’ils dominaient à l’époque, la plupart des Chanteurs avait dans leur ombre un chaman, mentor et conseiller auquel ils étaient liés intimement.
Puis vint la destruction d’Antiva et le Long-Hiver. Les chamans eurent le choix entre subir le sort des Chanteurs ou se retourner contre eux. Beaucoup firent l’un ou l’autre, mais dans tous les cas, ils furent comme tout le monde décimés dans le chaos qui s’abattit sur les lossyans. Une frange minime des chamans eut la sagesse de fuir les villes et les centres urbains, auxquels ils ne se sentaient en général pas vraiment appartenir, et leur culte aurait pu survivre et prospérer. L’Eglise ne leur en laissa pas l’occasion. Elle massacra toua les groupes de chamans qu’elle trouva, détruisit leurs temples et lieux sacrés et oblitéra toute trace écrite qu’ils aient pu laisser.
Pourquoi l’Eglise pourchassa et massacra les chamans et ne cesse jamais depuis ? Pas parce que ces derniers sont intimement liés aux Chanteurs, cette raison ne fut que secondaire. Mais parce que les chamans sont tous profondément, absolument, liés à une foi indéfectible et qui a un pouvoir réel sur Loss, un pouvoir que l’Eglise ne comprends pas, mais qui menace son œuvre. Un chaman, même tout seul, peut faire des miracles, un Ordinatori ne le peut pas. Le danger pesant sur les Dogmes et sur le pouvoir de l’Eglise était trop grand. Depuis, et alors qu’elle pourchasse les chamans sans relâche, l’Eglise ne comprends toujours pas la nature du pouvoir de cet ennemi et ne parvient pas à en trouver la source. Et malgré des tentatives nombreuses d’étudier des chamans capturés, elle reste toujours aussi perdue face à ce qu’ils sont. Sans doutes certaines autorités en savent-elles plus qu’elles ne le prétendent, c’est certain. Mais quoi que ce soit, elles jugent alors cela si dangereux qu’il vaut mieux que l’ensemble de l’Eglise reste dans l’inconnu sur ce que sont les chamans.
Le chamanisme contemporain
On pourrait penser que les chamans sont désormais très peu nombreux. C’est bien le cas dans toutes les régions de Loss dominées par la foi du Concile Divin et ses Ordinatorii ; mais en fait, non seulement jamais ils n’ont disparu, mais leurs traditions et savoirs se perpétuent presque sans frein, malgré tous les efforts, pourtant efficaces, menés par l’Eglise et son Inquisition pour les éradiquer. Il y a donc très peu de chamans et ceux-ci se cachent fort bien, restant à dessein isolés les uns des autres. Pour exemple, dans tout l’Athémaïs, une région densément peuplée, plus grande que l’Italie et la Croatie réunies, il n’y a sans doutes pas plus d’une quarantaine de chamans.
Les chamans n’ont donc plus de rôle social ayant une réelle influence dans les cultures conciliennes ; ils restent discrets, au plus loin du tumulte humain. Ils ne conservent de contacts qu’avec des populations de communautés isolées, jouant le rôle de rebouteux et soigneurs, parfois de devins et de conseillers spirituels pour un nombre limité de personnes qui participent à leur permettre de rester cachés.
Par contre, dans les cultures non-conciliennes, leur rôle n’a pas changé et est d’importance. Aussi bien chez les Dragensmanns que les Forestiers de l’Elmerase ou les San’eshe, le chaman est une des figures centrales de la cohésion sociale des communautés ; il est le pendant des leaders et des chefs, le détenteur des savoirs naturels, l’érudit qui connait la nature sauvage mais aussi et toujours, le mentor des Chanteurs de Loss, dont il assure l’éducation et dont il contrôle les risques.
Mais les chamans sont de toute évidence encore bien plus que cela. Ils semblent tous être liés par-delà les vastes étendues de Loss, disposent d’un véritable et inexplicable pouvoir sur la faune et le biotope lossyan et forment une seule et unique organisation informelle qui n’a jamais cessé d’échanger et communiquer. Aucun chaman ne parlera jamais de ces choses-là, c’est un secret bien gardé. Il est cependant évident que l’ensemble des chamans forme une force unie et active aux desseins insondables ; et si l’Eglise les pourchasse si ardemment, peut-être est-ce bel et bien parce qu’elle a de très bonnes raisons d’en avoir peur.
(Plus d’infos et de détails sur les secrets des chamans et la nature de leur pouvoir dans la section « les secrets de Loss)
Les anciens cultes des lossyans
Si l’Eglise du Concile Divin a, en apparence, écrasé toutes les anciennes formes de culte pour imposer le sien, jamais elle n’a interdit de croire en autre chose que ses Dogmes. C’est un cas assez particulier où l’Eglise a eu l’intelligence d’assimiler, pour en retirer leur pouvoir, toutes les religions qui lui faisaient de l’ombre.
Les lossyans sont superstitieux : ils ont besoin de donner du sens aux étoiles filantes, aux tempêtes et à la foudre, aux catastrophes naturelles et aux phénomènes les plus mystérieux du réel. L’Eglise est, paradoxalement, très scientifique et pragmatique et préfère bien souvent s’aventurer dans le terrain de la science et de la culture pour les expliquer. Mais elle a récupéré les explications et les imprécations des cultes des peuples qu’elle a convertis, sans trop intervenir pour interdire de croire à ces superstitions. La seule règle est qu’aucune de ces croyances ne peut prendre le pas sur les Dogmes de l’Eglise.
Il reste donc des cultes et des croyances, des noms de dieux, d’esprits et de créatures mythologiques qu’on invoque régulièrement sans se gêner. Et certains individus prennent le rôle informel d’officiants pour des cérémonies traditionnelles qui remontent à ces anciennes croyances et qui ont désormais été remaniées et ont intégré les concepts du Concile Divin dans leur structure même.
Personne ne sera donc surpris que dans un village, une vieille sorcière sache encore des rituels divinatoires ou des prières et sacrifices anciens pour assurer la naissance d’un héritier mâle. Dans les villes, pareillement, des hommes et des femmes ont ces rôles et bénissent les maisons et les navires, les montures, les attelages, les troupeaux… Et ils font aussi bien appel aux Etres du Concile qu’aux anciens dieux ou des esprits naturels locaux et des ancêtres spectraux.
Cependant, il ne faut pas oublier que ces pratiques sont seulement tolérés. Quoi qu’il se passe, quand un de ces officiants prend trop d’importance et d’influence, l’Eglise interviendra tôt ou tard : ses Inquisitorii sont là pour ça. Et si, finalement, les bûchers pour hérésie et sorcellerie sont rares, ils font suffisamment peur pour que tout le monde fasse montre d’une grande prudence avec ces pratiques.
Nous ne vous parlerons pas en détail de ces cultes, croyances et esprits ici. Ce serait trop long à aborder. Nous avons décrit quelques cultes et croyances locales pour chaque peuple mais tout ceci sera abordé plus richement dans le supplément à venir sur les Peuples de Loss. Retenez simplement à l’esprit que rebouteux, sorcières, devins, ritualistes et hommes vénérant les anciens dieux, d’Appolon à Odin en passant par la Terre-Mère, Lug, ou Le Mandat Divin, ne sont pas du tout rares. Toutes ces croyances se fondent dans le culte du Concile Divin… tant qu’elles ne viennent pas le remettre en doute.