Armanth, le supplément, note 3 : le commerce et le travail
1- le commerce dans Armanth
Armanth est la cité des Maitres-marchands, et le siège de la Guilde des Marchands, qui a ses propres bureaux et comptoirs dans le palais de l’Elegio, juste à côté du Conseil des Pairs. Et, bien sûr, aussi bien les douanes, que les comptoirs dans la ville et tout autour, appartiennent le plus souvent à l’une des nombreuses confréries et guildes liées à la tentaculaire organisation –qu’il va falloir que je décrive d’ici peu. Mais de quoi commerce Armanth, quels sont ses importations et exportations, qui se charge de la monnaie ?… On va y répondre rapidement ci-dessous.
1-1- La monnaie :
Les monnaies sont frappées et certifiées par les offices de maisons aristocratiques. C’est leur privilège, mais celui-ci est sous contrôle de l’Office Général des Monnaies, un ministère de l’Elegio. Celui-ci détermine les valeurs des métaux précieux et des monnaies toutes indexées sur le prix du Loss, qui sert d’étalon à la fortune de toutes les cités-états de Loss. En fait, l’Andri, la monnaie de la ville, est si fiable grâce à la réserve de loss-métal d’Armanth et ses garanties financières en général que c’est elle qui sert quasi partout de norme monétaire dans les Mers de la Séparation, même si chaque cité-état a son propre système de monnaies. Les Maison Nobles frappant la monnaie ont donc charge de trouver à bon prix les métaux qui la composent, et de vérifier les poids en détail, ainsi que s’assurer que les poinçons et marques frappant la monnaie la rendent difficile à fausser.
Si la monnaie est l’affaire et le privilège des maisons nobles, les lettres de crédits et bons au porteur sont par contre diffusés par les comptoirs de la Guilde des Marchands. Ces lettres certifiées permettent d’échanger la valeur indiquée dans celle-ci contre son équivalent en monnaie, partout où la lettre est reconnue. C’est un système de crédits bancaire répandu chez les marchands et négociants aisés. Mais au final, c’est un secret de polichinelle qu’il circule bien plus d’Andris virtuels au final, que la cité n’a de réserve monétaire réelle.
1-2 Qu’est-ce qu’Armanth vend ?
Tout ! Toutes les lois commerciales d’Armanth sont basés sur un premier principe inscrit dans sa charte constitutionnelle : « Rien ne doit entraver le commerce. ».
Pour faire simple, vous pouvez tout trouver, tout acheter et tout vendre dans Armanth. Il n’y a que les enfants qui font exception –et essayer de le faire est une bonne manière de se mettre des foules enragées à dos : pour les lossyans, les enfants sont sacrés. Mais mis à part ça, tout s’y échange. Il n’y a que les cas où un produit représente un danger réel pour la ville entière qu’il y a des limites douanières pour des raisons de sécurité, mais c’est tout.
Par contre, on ne vend pas n’importe comment. Tout passe par les douanes aux entrées de la ville, et tout doit être déclaré et taxé avant d’être mis sur le marché. Sauf pour certains produits extérieurs qui font concurrence aux productions locales ou certaines matières de première nécessité et précieux (comme le sel) qui seront surtaxés, ces taxes sont modestes. C’est sur la masse constante et gigantesque de ses échanges que la ville fait ses bénéfices, par sur une sur-taxation. Et il y a un certain nombre d’autres produits essentiels aux activités de la ville et de ses industries qui ne sont pas taxées du tout à leur arrivée, comme le bois, les étoffes, le cuivre, l’argent et les esclaves. C’est les produits « finis » qui par contre le seront à leur mise en vente ou leur exportation.
Et bien sûr, quand on dit qu’il ne faut pas vendre n’importe comment, une armée de contrôleurs douaniers sont en charge de veiller à la qualité de ce qui est importé et exporté. Malheur à celui qui trafique sa marchandise ou vend des produits de mauvaise facture ! Les lois dans ce domaine sont sans pitié et comme le coupable va se retrouver avec un monceau d’amendes et de dettes tout en ayant perdu tout droit au commerce, il risque bien de rejoindre les indigents de la ville… ou finir esclave à vie pour rembourser ses créances. L’escroquerie est bien entendu répandue et personne ne se gêne… mais il vaut mieux bien le faire. Arnaquer ses clients est toléré, mais pas si c’est pour leur vendre des produits frelatés ou foireux.
1-3 Principales productions et importations d’Armanth
Armanth produit dans l’ordre d’importance en terme de valeur financière : du bois traité de menuiserie et de marine, de l’ameublement et de l’ébénisterie, des esclaves, des draperies, toiles et vêtements, de la manufacture d’acier et métaux, du service bancaire, de la construction de marine, de la papeterie et imprimerie, de la mécanique à loss et de précision, des épices, de l’orfèvrerie. La liste n’est pas exhaustive mais c’est les secteurs de production les plus importants.
Armanth importe dans l’ordre d’importance en terme de valeur financière : du fer, du bois, des esclaves, du loss-métal, de l’argent, du sel, du cuivre, de l’étoffe, des teintures, du grain, des produits alimentaires, des épices.
2- Le travail
Armanth, c’est 1,2 millions de personnes sur une surface d’un peu plus de 45 km carré, ce qui nous donne une densité de population de 26 000 habitants au km carré. C’est plus que la moyenne Parisienne intra-muros. Bref, c’est une ruche qui ne cesse jamais d’être active, sauf la nuit –et encore. Mais à quoi travaillent ces gens et comment est régi le travail à Armanth ?
2-1 Les artisans & l’industrie
C’est, avec les métiers d’apprivoisement, le métier le plus pratiqué dans Armanth. On a pu voir que la ville exporte des quantités de produits finis, que ce soit ébénisterie, textures et confection, bois et construction de marine, ferronnerie et métaux mais aussi technologie et mécanique. L’esclavage est considéré comme un artisanat comme un autre, qui plus est auréolé d’un grand prestige. Et, après tout, les esclaves dressés et éduqués sont considérés comme des produits finis, dans Armanth. Les artisans sont respectés et assez bichonnés dans Armanth, toute cette industrie assure la fortune de la ville. Les ateliers sont en général familiaux, il y en a très peu à dimension industrielle, et le plus souvent ceux-ci sont destinés à la production des chantiers navals. Dans ce dernier cas, l’organisation est clairement très optimisée. Armanth peut sortir de ses cales un navire de commerce armé, par jour, si besoin, et a des stocks énormes de matériaux pour cela. Tout artisan doit être affilié à sa corporation dans la ville –certains métiers ont plusieurs confréries qui se partagent des productions ou des quartiers. Ne pas l’être est tout bonnement illégal. Les corporations défendent les intérêts de leurs corps de métier et s’assurent de la qualité des produits et de chasser les contrefaçons. Elles ont souvent des orphelinats et des structures pour les plus vieux dépourvus de famille, même si les places sont rares et des fonds de solidarité en cas de malheur. A noter que certains métiers subissent des restrictions concernant le partage et l’exportation de savoir-faire. En gros, Armanth protège bec et ongle certains brevets pour s’en garantir l’exclusivité et malheur à qui vendrait ces secrets industriels !
2-2 L’approvisionnement
1,2 millions de personnes à nourrir, cela occupe du monde. La majorité de la nourriture consommée dans Armanth provient des essaims des bourgs agricoles avoisinant, mais il faut importer pourtant de grandes quantités de grain, de vin, d’épices et de viande depuis l’Athémaïs, Teranchen et bien sûr les Plaines de l’Etéocle. Mais la production et la transformation de denrées alimentaires est avec l’artisanat et l’industrie le secteur qui emploie le plus de monde. Et, là aussi, ces métiers sont réunis en corporations. Celles-ci sont cependant bien moins influentes, puissantes et organisées que celles des artisans. Elles exercent aussi un contrôle bien moins strict sur les activités de leurs membres. Le contrôle de la qualité de la nourriture est l’affaire des services douaniers de l’Elegio, et dans ce domaine, les tricheries, incidents et parfois gros pépins sont fréquents. Les confréries les plus puissantes sont celle des boulangers suivis de celle des meuniers.
A noter que les métiers de la restauration existent. Ils sont même très nombreux, une bonne partie des petits travailleurs à Armanth n’ayant pas de quoi cuisiner chez eux, mangent dans la rue, dans les tavernes, ou dans des bouibouis sous auvent. Mais le chef-cuistot de restaurant gastronomique reste encore à inventer, et les premiers livres de cuisine et de recette font leur apparition depuis moins de 20 ans.
2-3 Les marins
Ici, on parle de tout ce qui concerne l’équipage de marine, du mousse aux officiers, soldats embarqués exceptés. Les marins sont embauchés et rétribués par les compagnies marchandes et maritimes de négociants et maitres-marchands. Eux aussi sont membres de confréries dépendant des guildes marchandes et chargée de protéger leurs intérêts. La spécificité des marins tient dans le pouvoir de l’Elegio sur la marine d’Armanth : en gros, sur son ordre et après aval du Conseil des Pairs, tout ou partie de la marine d’Armanth peut être réquisitionnée pour défendre les intérêts directs de la ville. Ceci ne s’applique que dans la défense avérée de la cité ou de ses intérêts stricts. En gros, si l’Elegio ou le Conseil des Pairs voulaient aller guerroyer ici ou là sans que cela entre dans la défense de la ville, ils ne pourraient pas employer ce moyen.
A noter cependant que la flotte de l’Elegio, composée de 60 galions de guerre, est elle-même directement aux ordres de la ville, et qu’il faut moins de quatre jours pour qu’elle soit opérationnelle et sur le pied de guerre. Le chiffre peut impressionner, mais il n’est guère conséquent face aux flottes de guerres de ses grands adversaires, l’Hemlaris et l’Hégémonie, qui calculent en centaines de vaisseaux. Et à l’heure actuelle, Armanth ne possède aucun béhémoth.
2-4 Les compagnies mercenaires
On a abordé ailleurs les compagnies mercenaires et leurs privilèges et contrainte dans les classes sociales. Les compagnies mercenaires sont des unités de protection civile, d’escorte, d’intervention et parfois de véritables petites armées privés. Mais aucune n’a le droit de dépasser la moitié de la taille d’une légion : 2500 hommes. Dans les faits, elles comportent de 50 à 500 hommes, très rarement plus. Il n’y a guère de solidarité entre les compagnies-mercenaires, et aucune confrérie ou guilde pour défendre leurs intérêts. Ils se débrouillent entre frères d’arme, et il est fréquent que les rivalités entre compagnies soient fortes, voire dégénèrent. A noter que jamais des mercenaires ne sont autorités à s’approcher du Palais de l’Elegio et des places l’entourant, et pareil pour L’Elysée, et ne peuvent pas non plus aller dans les arsenaux et sur les quais de la marine de l’Elegio.
2-5 L’administration civile et judiciaire.
On doit compter environ 800 à 900 sénateurs entre les deux chambres législatives d’Armanth, plus les 30 membres du Conseil des Pairs, plus l’Elegio et tous ses secrétaires de cabinet, etc… ce qui fait du monde. A cela, on rajoute les services judiciaires dont la garde de l’Elegiatori, l’administration fiscale, les douanes et les services de contrôle d’hygiène des marchandises, l’administration portuaire, celle du Marché aux Cages, mais aussi les notaires, les comptables, les avocats et légistes, etc… Il y a donc toute une armée administrative, des plus hauts sénateurs aux plus petits tâcherons gratte-papier. Et sans eux, la ville ne fonctionnerait simplement pas ; leur rôle de contrôle, de gestion et d’organisation est un peu la seule chose qui mets de l’ordre dans le joyeux chaos permanent d’Armanth.
L’administration civile et privée est organisée en corporations comme la plupart des métiers, et se partage sa clientèle par quartiers et zone d’influence de maitres-marchands. Il est à noter que les contraintes de secret et de confidentialité ne sont pas prises à la légère, la guilde des notaires a par exemple tout un corpus légal pour punir un de ses membres indiscrets sur ses dossiers.
2-6 Les forces armées
Ce paragraphe est ici pour rappeler qu’Armanth n’a pas d’armée propre. Les forces armées d’Armanth se limitent à la marine de l’Elegio et ses équipages, et ses mercenaires qu’elle engage au besoin. Le reste des forces armées d’Armanth sont en fait celles de l’Athémaïs, c’est-à-dire celle des princes et des beys autour de la capitale, qui doivent les mettre à disposition d’Armanth quand l’Elegio l’exige.
Dans les faits, c’est très peu arrivé. Si Armanth n’a pas d’armée propre, c’est paradoxalement pour assurer sa condition de capitale de l’Athémaïs, car les princes et les beys de cette grande région ont toujours vu d’un mauvais œil le pouvoir trop important des maitres-marchands d’Armanth. Et puis, de cette manière, Armanth évite de dépenser encore des fortunes dans un entretien militaire couteux et laisse cela à l’aristocratie qui a besoin de ses armées pour assurer son pouvoir.
2-7 Les guildes marchandes
On a pas mal parlé de leur structure et de leur rôle via les guildes et corporations de métier. Les guildes marchandes réunissent les différents négociants par métier, ressource ou secteur d’activité et leur rôle est surtout de faire respecter les normes qu’elle édicte, et l’équilibre des prix, du marché et de la concurrence pour leur secteur. Les guildes marchandes sont après le gouvernement d’Armanth, le principal employeur de l’administration civile. Elles sont très autonomes, ont leurs propres règles et normes, et ne répondent qu’à la Guilde des Marchands et au Conseil des Pairs pour tout ce qui concerne leur secteur d’activité et leur spécialité. Les guildes marchandes sont très compétitives et embarqués dans les luttes de pouvoir des maitres-marchands, mais au sein d’une guilde, il y a une solidarité réelle quand il s’agit de défendre les intérêts de l’un des leurs. Bien sûr, dire que l’économie d’Armanth et de tout l’Athémaïs fonctionne au rythme de ces guildes marchandes est juste rappeler une évidence. Il n’y a aucun commerçant indépendant dans Armanth, c’est interdit, et les guildes marchandes pourchassent sans hésiter tout contrevenant,
2-8 Les services et universités.
Armanth est une ville de savants. Les universités et écoles supérieurs y sont nombreuses et abritent des bibliothèques fournies, dont le Aarhim’id, la plus grande bibliothèque connue après celle de l’Impératrice de l’Hemlaris, à Cymiad. Il y a plusieurs dizaines de milliers d’étudiants et professeurs dans tous les domaines, de l’ingénierie à la médecine en passant par les arts, la littérature et l’architecture. Il ne faut pas perdre de vue que la formation des élites passe par des études très variés : un ingénieur sera aussi souvent un sculpteur, ébéniste ou peintre hors-pair, et aura des connaissances étendues en chimie et physique. Pour les hommes de Loss, la science et les arts font partie de la même dynamique, et nomme études académiques un ensemble de domaines littéraires, artistiques et scientifiques qui sont enseignés à part égale, sans segmentation, hiérarchisation ou séparation des disciplines.
Les services concernent les écrivains publics, les porteurs d’eau, services de carrosses et locations de montures et tout ce qui de près ou de loin tient du service urbain ou à la personne. Ces services sont privés e l’administration s’en mêle assez peu. Ils sont réunis par des corporation le plus souvent dépendantes de guildes. Mais nous allons aborder principalement les hospices et services d’hygiène. Les bains et accès sanitaires sont nombreux, et Armanth est en pleine construction d’un réseau d’égouts efficace, et refait tout son système de distribution d’eau potable, qui remplace au fur à mesure les puits et les quelques aqueducs dépassés. Ces services, d’hygiène et médicaux, sont contrôlés par l’administration, mais sont tous privés. Beaucoup d’entre eux appartiennent à l’aristocratie ou à l’Eglise et sont ouverts régulièrement de manière gratuite ou très modique pour les plus pauvres.