1- L’Archipel des San’eshe
Ce qui suit reprends les 15 peuples décrits plus tôt, mais du point de vue géographique, physique et anecdotique. Nous allons aborder les 15 grandes régions des Mers de la Séparation en décrivant leur climat, leur topologie, les lieux marquants et les villes principales de chaque région, avec quelques notes et anecdotes.
Vous verrez souvent des comparaisons entre ces régions, et des régions d’Europe et d’Asie afin de rendre compte et donner des références quant aux conditions de vie, paysages et climats. Il ne faut pas oublier que le monde de Loss est en général plus chaud que celui de la Terre, et qu’une année de Loss dure pratiquement 600 jours de 33 heures, ce qui a quelques effets sur le climat, les saisons et les bouleversements climatiques, auxquels s’ajoutent une activité sismique assez intense.
1- L’Archipel des San’eshe
Géographie
L’archipel des San’eshe est un ensemble morcelé d’iles et d’ilots ayant tous comme point commun d’être couverts d’une jungle tropicale luxuriante qui compte parmi les arbres les plus hauts connus dans les Mers de la Séparation (certaines cimes dépassent les 70 mètres de haut). Le couvert végétal est si dense que depuis les berges, on ne peut rien voir d’autre qu’un mur de troncs, de lianes et de buissons, si épais qu’y est difficile d’imaginer qui que ce soit parvenir à y pénétrer.
Et en effet, il n’y aucunes plaines ou surface déboisée sur la totalité des îles, et pratiquement aucun réel massif, seulement quelques falaises et surplombs rocheux, dont des plateaux continentaux sis 500 mètre au-dessus de la jungle, où même les San’eshe ne s’aventurent pas. La plupart des jungles ont de grandes zones de sols marécageux et même des mangroves profondes de dizaines de milles. L’archipel des San’eshe ressemble à un enfer vert. C’en est un. Personne n’y résiste plus d’une journée sans de solides moyens et une expérience solide. S’y perdre est d’une facilité désarmante, et on n’y trouve en guise de sentiers que les pistes des animaux, ce qui n’est pas une bonne nouvelle, la plupart d’entre eux sont au minimum dangereux.
Paradoxalement, il y a assez peu de mammaliens géants sur l’archipel. Les plus gros ne dépassent pas les trois ou quatre tonnes et, sauf dans les mangroves, il n’y a aucun grand troupeau de longilas ou de leurs cousins. L’archipel est une jungle où la grande taille est un handicap à tous points de vue.
Politique
En plus d’être un endroit à peu près invivable, l’archipel des San’eshe est habité par le peuple éponyme, qui est clairement hostile à pratiquement toute visite dans ses jungles tropicales. Les tribus san’eshe ne sont pas fédérées et il n’existe aucune ville ou point d’échange commerciaux, tout au plus des places sacrées de réunions régulières, qui changent selon les saisons et les années. Il n’y a donc aucune organisation politique dans la région, ce qui explique aussi l’absence totale d’infrastructures routières. Les San’eshe s’en passent très bien avec leur mode de vie. Et qui n’est pas San’eshe ne reste pas en vie plus d’un jour dans l’archipel, à l’exception de l’Enclave et de ses exploitations.
Les côtes du bout du monde
Une vaste région sur tout le sud de l’archipel, que convoiterait bien des colons Athémaïs pour l’ouverture sur l’Ocean Infini, en y implantant une escale. C’est une suite ininterrompue de mangroves qui s’enfoncent vers les côtes parfois sur 30 milles. Très étendue, la mangrove dispose de son propre écosystème géant, dominé par les Arkahaa, des cousins des longilas, mais pouvant mesure près de 40 mètres de long et peser plus de soixante tonnes. Parfaitement adapté à ces milieux de marais et d’eau, ils broutent les arbres, capables de nager, flotter, et défoncer au besoin les plus épais massifs de mangrove pour assurer leur passage. Et ils ont un prédateur, le Koan. Un mammalien amphibie qui pourrait évoquer quelque crocodile des mers. Mis à part qu’il fait lui-même vingt tonnes pour plus de dix-huit mètres de long, et est capable de courir tout aussi bien que nager à une vitesse impressionnante. Les dimensions et la puissance de la faune des Côtes du Bout du Monde en font le récit de légendes sur des monstres capables de briser des navires en deux et, dans les faits, seuls des fous osent s’aventurer dans ces régions. Et jusqu’ici, quasi aucun n’en est revenu indemne.
L’Enclave
L’enclave est une colonie, principalement athémaïs, établie pour assurer le trafic de bois et d’esclaves depuis les archipels san’eshe vers le reste des Mers de la Séparation. Fort de presque 7000 habitants, c’est un port fortifié mais dont les défenses ont souvent été réalisées avec les moyens du bord, le plus souvent du bois. La pierre est rare aux alentours, les bâtiments sont eux aussi de bois, mis à part le petit fortin de garnison de la Guilde des Marchands et le phare. L’endroit est non seulement peu accueillant, mais d’une ambiance sinistre. Tout autour de l’Enclave la forêt a été défrichée tant bien que mal pour des plantations et des tronçons de route permettant l’accès aux exploitations forestières des essences de bois précieux locaux, et quelques villages fortifiés, habité par des esclaves, des réprouvés, exilés et criminels chassés de l’athémaïs, survivent tant bien que mal. La ville elle-même et son énorme complexe de traitement de marchandise humaine accolé à ses stocks de bois et ses flotteries, écrase le visiteur sous une impression de malheur et de sombre fatalité. Et quand on sait que l’Enclave est une escale de tout ce que l’Athémaïs, mais aussi Terancha et l’Imareth, les Cités-Unies et même l’Hemlaris compte de trafiquants et de pirates, on se doute que la ville n’est guère sûr. Néanmoins, il y a un comptoir de la guilde des marchands, une petite garnison et quelques navires armés. Les San’eshe ont souvent pris l’Enclave d’assaut et les raids sur les camps de travail et les villages voisins sont réguliers.
Lieux particuliers
Le sanctuaire Huaara : jamais aucun san’eshe n’a révélé la localisation exacte de ce lieu légendaire qui serait la terre sacrée où se rassemblent les chamans des tribus de l’archipel. En fait, beaucoup d’explorateurs pensent qu’il n’existe pas, parce que des sanctuaires chamaniques ont été remarqués en de nombreuses iles. Mais le sanctuaire Huaara est particulier : il est sis au centre d’une immense caverne au plafond effondré, si vaste qu’elle dispose de son propre écosystème, et est l’accès à des Ruines Anciennes régulièrement visités et explorées par les chamans, au point qu’ils en connaissent depuis longtemps les moindres secrets. C’est un lieu où les Chanteurs de Loss formés par les chamans vont en pèlerinage, en général pour y trouver un petit fragment de loss-cristal, qui ne les quittera plus.