Qu’est-ce que les Chants de Loss n’est pas ?
Oui, c’est très amusant de présenter un peu notre JDR dans ce sens-là, mais c’est aussi parce que cela va nous permettre de faire taire un nombre remarquable d’à-priori sur ce dernier, que nous voyons ressortir souvent via des remarques sur les réseaux sociaux ou des questions en MP. Et tandis qu’on est sur le rush final (on vous fait un état des lieux dans la semaine !), ça me permets aussi de sortir un peu la tête des révisions, du contrôle qualité et de la gestion prestataires-éditeur qui est, mine de rien, en train de me laminer… je tourne au café-vitamines-dafalgan-tentatives de dormir plus de 6 hr par nuit, depuis maintenant dix jours ; je prie pour ne pas tomber malade et je tombe malade quand même, bien sûr. Mais donc, lançons-nous !
Les Chants de Loss, ce n’est pas :
Un jeu med-fan :
Bon, là, déjà parce que c’est de la planet-fantasy, dans un décor de la Renaissance baroque, sur un monde original et « alien », avec une ambiance Da Vinci-punk, mais surtout parce qu’en terme de classification, « mediéval-fantastique », ça veut dire QUE POUIC : le rôliste moyen y case aussi bien Pendragon que Hawkmoon ou encore les Ombres d’Esteren ou Les Royaumes d’Acier et je cause pas de D&D… et tous ces jeux et univers sont tellement différents et originaux les uns des autres que ce terme « med-fan » est vide de sens. Déformation littéraire, je ne reconnais pas ce terme et préfère user des références de genres littéraires (et cinématographiques) autrement plus réfléchis. Un article de ma pomme sur le sujet, si cela vous rend curieux !
Un jeu de cape et d’épée :
Non plus. D’abord, les lossyans portent pas tant de cape que cela et la plupart préfèrent les sabres d’abordages et/ou de duel. Mais surtout, si le degré de réalisme des CdL tend à l’héroïsme et encourage et récompense les actions d’éclats, son système de jeu reste mortel. Le combat n’est pas punitif dans CdL, mais il fait très mal et même une légende vivante peut mourir d’une balle ou d’un tas de sbires lui tombant dessus par surprise. C’est dans la mécanique même du jeu et si elle prévoit de quoi survivre à la malchance ou une décision malavisée, elle en fait payer le prix au joueur. Comme le disent mes cocréatrices : « tout combat dans Loss doit commencer par la question : comment y survivre ? ». Et si on peut se lancer dans une baston un peu façon « olé olé », tôt ou tard, on le sent passer. En général, tôt et douloureusement.
Un jeu simulationniste :
Heu ?… alors non… et oui. Mais non. Bon, d’accord, c’est un jeu avec une mécanique moderne empruntée de « bon vieux systèmes old-school ». Mais d’une part le système de jeu a été pensé pour parvenir à se faire oublier et être employé en totale improvisation – il est richement expliqué pour que même le débutant puisse tout comprendre, mais franchement, il s’explique en dix minutes chrono – et, d’autre part, il ne prétend à aucun réalisme particulier : il est plutôt héroïque et on l’assume totalement. Il permet de renverser des situations de manière spectaculaire et si on peut y mourir facilement sur une grosse gaffe, on peut en général s’amuser à tenter des trucs un peu fous avec de bonnes chances d’y arriver, pour peu qu’on ne se contente pas de lancer des dés mais qu’on use de son cerveau pour faire de l’interprétation et être imaginatif. Par contre, il est simulationniste dans le sens suivant : toute la mécanique de jeu est faite pour refléter les concepts de l’univers des CdL. L’honneur, le courage, la sagesse sont pas juste des mots, ce sont des concepts forts qui s’imposent au monde et au système de jeu ! Pareil pour la Légende, la renommée et ses effets sur le système de jeu. Sur ce point, c’est un JDR simulationniste. Mais ici, c’est de la référence à la théorie du jeu de rôle LNS, et je doute que cela vous passionne si vous n’êtes pas créateur de jeu.
Un jeu politique :
Oui, ok, on sait pourquoi. Les trois autrices sont féministes (avec pas forcément les mêmes définitions exactes, mais on s’y retrouve totalement au final), l’univers est tiré de romans dont le sujet est une critique du sexisme et du patriarcat dans ses pires dérives et, vu les contenus des CdL, on a même écrit un avertissement préalable pour son contenu façon « ceci est pour un public averti ». On est fières du message de fond, on l’assume et on ne va surtout pas le renier. Mais c’est un jeu de rôle ! Il ne prétend pas être un outil politique : que vous soyez d’accord avec son sujet critique ou pas (les dérives d’un monde sexiste qui finalement de ce côté ressemble au notre, passé et contemporain, mais fortement mis en exergue) celui-ci n’est qu’un aspect du jeu ; libre à vous d’en faire un thème central ou de ne le traiter que comme décor. Les CdL n’est pas là pour donner une leçon politique. Il ne fait que contenir un message qui peut éventuellement être considéré politique, mais ce dernier… ben vous en faites ce que vous voulez ! Je ne pense pas, et de très loin, vu les critiques de mes romans comparés à celles de notre JDR, que les CdL marqueront profondément le lecteur et le forceront à sortir totalement de sa zone de confort. A la rigueur, cela le fera peut-être réfléchir et tant mieux ! Mais ce n’est pas notre sujet. Notre sujet était de créer un JDR passionnant dans un monde que nous aimons profondément, et de vous le partager. C’est tout !
Un jeu sexiste :
Je dois vraiment répondre à cela ? C’est un argument qui ne marche qu’avec une mauvaise foi EPIC LEVEL, de la part d’andouilles qui n’ont rien de mieux à faire que trouver un truc à détester sur les « rézociaux« , alors pourquoi pas faire le plus gros et ridicule possible, et qui ne tient que pour celui qui n’a simplement rien lu du JDR. L’univers est en effet sexiste. Il est aussi violent, socialement injuste et j’en passe. Il présente même une religion dominante qui, au premier degré, est carrément réactionnaire, conservatrice, violente, cruelle et conquérante. C’est un décor ! Et ce n’est pas le seul, l’univers est aussi envoutant, touchant, aventureux, et par bien des aspects plus progressiste qu’une grande partie de notre monde. En fait, au final, il est aussi varié et paradoxal, rempli de contradictions et d’idées idiotes ou merveilleuses que le notre. Alors si pour vous, un des décors dont vous n’avez rien lu du reste est de facto le point de vue des autrices, sachez qu’à chaque fois, les féministes et humanistes que nous sommes explosons de rire en nous moquant cyniquement – non, parce qu’à ce stade, on n’a pas envie d’êtres gentilles.
Un jeu à suppléments :
Oui… mais non. Oui, parce qu’un JDR avec une gamme qui s’étend sur la durée, c’est mieux, surtout pour notre porte-monnaie ; oui, parce que l’univers de Loss est immense et qu’on a vraiment de quoi vous fournir des tonnes de documentation, d’aventures, d’intrigues et de nouveaux décors, et non…. Non parce que le JDR, en totalité, se suffit à lui-même. Même si on a dû couper dans le tas à la tronçonneuse pour ne pas faire exploser le nombre de pages et les coûts, les CdL est une boite de jeu qui contient tout le nécessaire pour faire jouer, pour connaitre le monde au complet, ses secrets et son méta-plot compris. Les suppléments prévus sont passionnants, mais avant tout, ils sont là pour enrichir le contenu de la boite de base : ils fournissent des décors, détaillent des éléments de règles et de contenu, offrent de nouvelles opportunités d’aventures et d’intrigues… mais tout ce qu’ils contiennent est résumé dans l’entièreté de la boite de jeu. Alors bien sûr, c’est forcément mieux d’avoir les suppléments ! Mais on peut très bien faire jouer, sans aucun mal, avec seulement la boite de base, et ce pour des années…