Les Chants de Loss, le Jeu de Rôle
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La politique d’Armanth

Suite de la découverte d’Armanth, la Cité des Maitres-marchands, avec  des extraits en bêta du contenu du supplément ; ici, la politique ! Vous pouvez découvrir ce qui a déjà été publié en suivant ce lien, et bonne lecture !

 

Armanth a un système politique qui, bien qu’assez semblable à la mécanique qui prévaut dans la plupart des Cités-états de l’Athémaïs s’avère assez compliqué dans sa version locale et finalement aussi chaotique que la ville peut l’être.

Le gouvernement est une démocratie représentative : l’Elegio, chef de l’exécutif est élu par la population, tout comme la chambre-basse des deux assemblées, le Selenteo. La chambre-haute est élu par les représentants de l’aristocratie.  Cependant, il s’agit plutôt d’une oligarchie de fait : d’un part parce qu’il faut des moyens et des appuis pour être candidat, autrement dit soit être membre de la grande bourgeoisie ou de l’aristocratie de la cité, soit en être le candidat préféré ; d’autre part parce que le Conseil des Pairs, le conseil exécutif de la ville, particulièrement puissant et influent, coopte ses membres lui-même sans aucune intervention démocratique externe.

Bref, si nous sommes très loin d’un régime dictatorial, féodal ou encore monarchique, Armanth est loin d’être une démocratie populaire et elle n’est, et de loin, pas prête de le devenir. La Guilde des Marchands y veille d’ailleurs particulièrement. Penchons-nous sur la structure du gouvernement, avant de détailler. Le gouvernement d’Armanth est composé de :

L’Elegio : chef officiel de l’exécutif du gouvernement, il est l’arbitre final de tous les litiges judiciaires et commerciaux d’Armanth (si le Conseil des Pais ne s’en mêle pas) et le chef suprême de sa sécurité.

Deux assemblées législatives ; la Chambre-basse et la Chambre-haute, respectivement nommés le Selenteo et l’Elysée. Leur rôle est de décider des lois et de les voter. Chaque chambre compte environ 400 tribuns pour chaque assemblée et le nombre varie au gré des élections.

Le Conseil des Pairs. Exclusivement constitué de Maitres-marchands qui se désignent eux-mêmes par cooptation et ont tout pouvoir pour décider de leur propre succession et de qui a le droit de siéger ; il y a toujours, en théorie, trente membres au Conseil des Pairs. Son rôle est d’administrer la bonne marche de la cité et du commerce et de décider l’application des lois. Mais on verra plus bas qu’elle ne fait pas que cela, surtout en ce qui concerne la justice des Maitres-marchands.

L’Elegio

L’Elegio est le chef de l’exécutif et des « forces armées » d’Armanth, marine et Elegiatorii. Il n’est techniquement pas le chef du Conseil des Pairs et, d’ailleurs, il a plutôt rarement affaire avec lui de manière directe. L’Elegio est nommé tous les dix ans, selon une étrange méthode : l’acclamation. Quand vient une nouveau renouvellement du mandat de l’Elegio, une sorte de campagne informelle d’une année ou plus se mets en place pour que la population désigne le successeur qui va arranger les uns et les autres. Le jour fatidique, l’Elegio en place est confronté à ses prétendants devant une gigantesque foule amassée sur le Campo Ivori. S’ensuivent des joutes oratoires enflammées qui ne peuvent jamais se prolonger après le crépuscule. C’est à l’acclamation des foules qu’est désigné le nouvel Elegio, contrôlé par des magistrats de la ville et des observateurs officiels des deux chambres. En cas de doute sur le vainqueur, on peut les rassembler à la nuit passée et demander à la foule d’acclamer encore à l’annonce de chaque nom. Le nouvel Elegio est alors désigné, quoi qu’il se passe.

L’Elegio actuel tient son poste depuis maintenant dix ans et tout le monde est sûr qu’il va repartir pour dix ans de plus. À noter que l’Elegio peut être destitué par le veto à la majorité des deux tiers d’au moins une des deux Chambres et des deux tiers du Conseil des Pairs. C’est un cas qui s’est rarement produit.

L’Elegio choisit ses secrétaires pour les différents domaines de gouvernance de la cité – en général un par grand quartier de la ville plus cinq ou six avec des fonctions spécifiques – qui, souvent, sont choisis sur conseil et avec la bénédiction du Conseil des Pairs.

L’Elegio est effet en charge de la sécurité de la ville et est aussi son magistrat suprême : c’est-à-dire que quand des litiges et des conflits ne peuvent pas être résolus par la voie judiciaire – souvent parce que les différentes parties décident de régler ça à coup de vendetta – c’est à lui d’arrêter l’escalade et de juger au final de l’affaire et faire appliquer la décision. Militairement s’il le faut. Et parfois, ce n’est pas facile du tout et peut finir assez mal. C’est pour cela que l’Elegio dispose d’une police secrète : les Séraphins. Si le Conseil des Pairs a quasi tout pouvoir sur la justice des Maitres-marchands, l’Elegio est tout de même en mesure d’intervenir quand ces derniers n’ont pu arrêter l’escalade d’un conflit parmi les leurs.

Les secrétaires d’état

Ces secrétaires ont rôle de ministres et ont charge de gérer toute l’administration plutôt tentaculaire et particulièrement chaotique de la ville. Le secrétaire des finances est toujours un Maitre-marchand, le secrétaire à la défense est toujours choisi dans les rangs des amiraux de la flotte militaire. Traditionnellement, le secrétaire à la justice est un aristocrate choisi sur conseil de l’Elysée et celui de l’urbanisme un bourgeois par le Celenteo. Les deux derniers postes actuels sont les secrétariats des affaires étrangères et de la mer, qui gère aussi les transports. Il n’y a ni premier secrétaire, un rôle tenu de facto par le Conseil des Pairs, ni de secrétaire de l’intérieur, rôle tenu par l’Elegio lui-même.

L’Élysée

L’Élysée élit ses propres membres au suffrage majoritaire une fois tous les huit ans et est réservée à l’aristocratie Armanthienne. Nul ne pouvant prouver sur quatre générations, par alliance compris, son rang de naissance nobiliaire, ne peut y siéger. Depuis, elle exige pour toute personne désireuse d’y être élue un « cens » (un niveau d’impôt sur la fortune) qui représente une petite fortune (plusieurs milliers d’andris). Elle interdit donc cette magistrature à la noblesse la moins aisée. Bien entendu, l’aristocratie Athémaïs est exclue de ces élections ; cependant, comme nombre de ces princes et beys ont de la famille vivant à Armanth et installée depuis longtemps, ils disposent de leviers diplomatiques pour s’assurer une oreille au sein des membres élus.

L’Église est parvenue à se faire donner les mêmes droits et privilèges que l’aristocratie d’Armanth, malgré l’interdit de toute activité politique officielle. Elle peut donc siéger parmi les tribuns de l’Élysée. Elle n’est soumise à aucun cens, mais doit cependant faire élire ses membres par les tribuns de l’Élysée et ne peut pas, elle-même, participer à ce vote spécifique. Ainsi, si elle peut faire élire des membres à l’Élysée, elle ne peut voter pour cela et est forcée de compter sur l’appui de l’aristocratie. Heureusement, cette dernière est relativement bien disposée à son égard, mais les membres de l’Église élus à l’Élysée restent en franche minorité.

On compte trois camps politiques au sein de l’Élysée. Les Libéraux y sont majoritaires, suivis de près par les Unionistes. :

Les Sermentiers : farouchement patriotes et presque tous d’ancienne familles civiles armanthiennes, les Sermentiers (nommés ainsi en référence à la fête du Serment) font passer les intérêts d’Armanth, avant tout le reste. Considérés comme des modérés-sociaux, ils font cependant figure de radicaux au sein de l’Élysée.

Les Libéraux : composée principalement d’aristocrates terriens très liés aux Maitres-marchands, ils défendent avant tout des vues financières très libérales et sont contre à peu près tout ce qui peut freiner le développement économique d’Armanth. On dit souvent d’eux qu’ils sont la voix du Conseil des Pairs, ce qui est sans doutes proche de la vérité.

Les Unionistes : le nom est quelque peu trompeur, car ces traditionnalistes fervents croyants réunissant une majorité de Beys et la plupart des Ordinatorii élus, pensent surtout à une union d’Armanth avec les anciennes coutumes et loi de Samarkin et donc, des Dogmes de l’Église. Ils sont fortement opposés à la politique d’influence libérale et libertaire de la Guilde des Marchands.

Le Selenteo

Le Selenteo élit ses membres par des élections populaires ayant lieu tous les huit ans et donnant lieu à trois ou quatre mois de fêtes, de chaos, de joutes électorales, de scandales de corruption massive et de regain de vendettas mortelles. L’ensemble de la Chambre-basse est alors renouvelé, mais là aussi il y a des conditions d’entrée pour accéder à cette magistrature : les droits d’inscriptions aux listes électorales (environ mille andris, mais le prix varie à chaque élection) interdisent de facto la fonction aux plus pauvres.

Il est de coutume pour un candidat de se faire parrainer par une guilde ou un maitre-marchand, voir par un aristocrate. Mais le plus souvent les tribuns de la Chambre-basse sont tous des bourgeois peu ou prou affiliés à la Guilde de Marchands. Le coût réel des élections est en fait astronomique, puisque rien n’interdit dans Armanth d’acheter les voix de ses électeurs à grand coup de festivités, cadeaux, spectacles d’arènes et de théâtre, distributions alimentaires et même directement andris sonnants et trébuchants. Oui, pour résumer, le clientélisme y est roi.

Là aussi, on trouve plusieurs partis politiques au Selenteo. Ils sont un peu plus informels que pour l’Elysée, mais n’en sont pas moins très actifs, d’autant que leurs disputes, alliances et trahisons passionne la populace et les journaux. Les deux partis majoritaires sont les Marins et les Légalistes, à peu près à part égale.

Les Marins : le nom est trompeur car les Marins rassemblent bien autre chose que les métiers de la mer, mais principalement tous les corps de métier d’artisanat et les représentants du peuple et de la petite bourgeoisie. Parti social et progressiste, il milite beaucoup pour plus de démocratie participative et de justice. Certains de ses courants sont considérés comme des anarchistes dangereux.

Les Légalistes : le nom est encore trompeur, les Légalistes sont le parti de la bourgeoisie argentée d’Armanth, libérale en diable et fidèle à la Guilde des Marchands. Paradoxalement, on y trouve grand nombre d’intellectuels et quelques femmes de pouvoir. C’est une formation de libéraux capitalistes modérée, mais très critiques envers l’Église en général.

Les Terriens : les Terriens sont un peu le pendant civil des Unionistes. Mal vu et malaimé, ce parti est connu pour se faire retoquer pratiquement toute proposition qu’il défend, une sorte de jeu politique au sein du Celenteo. Composé de riches bourgeois et propriétaires terriens proches de l’aristocratie, on y trouve aussi les éléments les plus extrémistes des Conciliens d’Armanth.

Le Conseil des Pairs

Les membres du conseil des Pairs sont choisis et désignés à vie. Ils ne sont pas élus dans le sens où nul ne peut demander cette magistrature. Elle est offerte par cooptation des membres du Conseil des Pairs qui choisit qui en fait partie. C’est la raison pour laquelle dans les romans Les Chants de Loss, il n’y a que 29 membres à siéger, puisque Jawaad y a été nommé, mais refuse d’occuper son siège et de prendre ce poste. Le Conseil des Pairs a pour but de veiller à la validation, l’application et la mise en pratique des lois votées, et d’assurer la bonne marche du commerce dans Armanth et ce, face à tous les obstacles qu’il pourrait rencontrer mais dans le respect de sa fonction première. C’est donc lui qui avant tout gère et emploie le budget de la ville et la manière dont il sera dépensé pour tous ses départements et ses infrastructures. En quelque sortes, le Conseil des Pairs fait office de conseil suprême et de cabinet des ministres du gouvernement d’Armanth. Tout ce qui concerne la sécurité intérieure (douanes, police, collectivités locales, sécurité civile, etc…) est placé sous son autorité.

Il n’y a pas réellement de partis politiques au sein du Conseil des Pairs, mais il s’y trouve cependant un groupe qui se distingue fortement des autres membres : Les Ainés. Ils sont rarement plus de sept parmi les membres à siéger, mais ils tendent souvent à voter de la même manière ou être en accord sur les mêmes propositions. Les Ainés sont très puissants, très influents, et nous y reviendrons en parlant de la Guilde des Marchands dans ce supplément.

La mécanique politique

Les deux chambres décident des lois selon un processus assez simple : soit le Selenteo, soit l’Elysée, se voit proposer une loi par une de ses très nombreuses commissions ou après pétition populaire (oui, il y en a… non, elles n’arrivent que rarement à atteindre les chambres législatives). Certaines lois sont aussi proposées par des commissions ou des pétitions populaires sous l’égide du Conseil des Pairs, mais c’est rare et assez mal vu. L’assemblée qui a reçu la loi la consulte, la fait analyser, propose des amendements, etc… et vote à la majorité des deux tiers pour son application ou son rejet.

Encart :

Il y a beaucoup de pétitions populaires en circulation à Armanth. Pour que celles-ci aient une (petite) chance de parvenir à une chambre ou au Conseil des Pairs, il faut réunir 150 000 signatures, ce qui semble beaucoup. Oui, c’est un chiffre important, mais… en l’absence de carte d’identité et de référencement de population, autant dire que l’immense majorité de ces pétitions sont au moins douteuses, voire complètement truquées. D’autant que certaines signatures peuvent être obtenus par la corruption, la menace ou encore tout autre moyen peu démocratique mais efficace. Ceci dit, le peuple d’Armanth adore participer à ces pétitions et les discuter, il y en a donc toujours une en cours à un moment ou à un autre, proposée par des crieurs, des militants, devant les temples et les comptoirs des guildes et des corporations.

Puis la loi passe à l’autre chambre. Rebelote. Que la loi soit alors acceptée ou rejetée, elle doit passer dans les deux chambres et suivre le même processus. Ce qui est compliqué c’est quand une chambre dit oui, l’autre non : le ping-pong peut durer cinq fois, avec à chaque fois lecture, analyse, amendements etc… Au bout de cinq tours, on compte les oui et les non d’une chambre à l’autre et forcément, y’en a une qui gagne.

La loi est donc techniquement acceptée… par les deux organes législatifs. Mais désormais elle va passer entre les mains du Conseil des Pairs. Et là, ce n’est pas compliqué : le Conseil des Pairs peut rejeter toute loi, par veto, si la moitié de ses membres plus un le décide. Là où c’est plus pervers, c’est que le Conseil des Pairs peut aussi, par décret, faire passer une loi refusée par une des deux chambres, avant ou pendant le concours de ping-pong, de la même manière. Ce à quoi peuvent alors s’opposer par veto – oui, c’est l’horreur – chacune des deux chambres. Mais dans la mesure où chaque Chambre peut annuler le veto de l’autre et que le Selenteo est grosso-modo une extension de la Guilde des Marchands, les lois qui arrangent le Conseil des Pairs ont une nette tendance à passer sans réellement de gros problèmes.

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